Yanik

Quai d’Orsay, le film

QuaiDOrsay-Film

Adaptation de l’excellente bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, Quai d’Orsay fait le pari de plonger le spectateur dans les coulisses de la diplomatie française à l’époque où celle-ci était dirigée par Dominique De Villepin. 

Largement inspiré de ce dernier, le personnage principal de ces chroniques diplomatiques est un homme brillant, volubile, excessif et caractériel. Pour planter ce premier rôle, le choix de Thierry Lhermitte en a surpris plus d’un. Si l’ensemble de la distribution sonne juste, collant de manière troublante avec le dessin de Blain, le ministre incarné par l’ancien bronzé constitue la déception du casting. Son jeu manquant de finesse ajouté aux effets (claquements de porte, tourbillons de feuilles…) dont la répétition entraîne la lourdeur, ne parait pas à la hauteur de l’esprit insufflé dans les deux tomes de l’œuvre dessinée.

Remarquable, le reste de la troupe mérite une mention spéciale pour l’interprétation de Niels Arestrup, magistral en chef de cabinet au calme olympien, ainsi qu’à Raphael Personnaz dont la prestation répond trait pour trait au caractère du jeune débutant par les yeux duquel l’histoire est narrée.

 

Passer du papier à l’écran n’est pas chose aisée et Bertrand Tavernier n’est pas le premier à se frotter à cette tâche ardue. A trop vouloir coller à l’esprit du livre inspirateur, le réalisateur en a parfois oublié d’y ajouter sa touche personnelle. La première partie du film passe de plan en plan comme on saute de case en case, accompagnée par les dialogues sortis mot pour mot des bulles écrites par Lanzac. Il en ressort une impression saccadée, née de l’envie d’insuffler du rythme mais découlant sur une évolution décousue et dépourvue de fluidité.   

L’humour si présent au fil des pages est à l’honneur tout au long du film. Il s’agit bien d’une comédie, et c’est peut-être là que le bât blesse. A l’origine au service de l’histoire, l’humour est devenu sur la toile son pilier majeur, si que bien que l’histoire est désormais au service du comique. Ce qui était un ressort se transforme en une multitude de ficelles, si bien que l’amateur de la bande dessinée éprouve par moment la désagréable sensation d’être face à la caricature de la caricature. 

Vous l’aurez deviné, le visionnage de la pellicule a provoqué quelques regrets dans l’esprit du grand fan de l’œuvre originelle, figurant à mes yeux dans les sommets du neuvième art. Il n’en reste pas moins que le moment en salle obscure fut agréable et les sourires (à défaut d’éclats de rire) fréquents. Ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de feuilleter avant Quai d’Orsay y ont peut-être trouvé leur compte. Quant aux autres, ils ont ressenti ce petit goût d’inachevé qui revient souvent à la fin d’un film adapté d’un livre très apprécié.        


Quai d’Orsay, la BD

 

Avant d’être un film dont la sortie nationale est programmée pour ce mercredi, Quai d’Orsay est  une bande dessinée sortie du crayon de Christophe Blain et de l’esprit d’Abel Lanzac. Ex collaborateur du ministre des affaires étrangères, ce dernier a élaboré un scenario largement inspiré de la réalité, introduisant avec brio le lecteur dans les coulisses de la diplomatie française.

Quai d'Orsay, Tome 1
Quai d’Orsay, Tome 1

Dans cette œuvre, toute ressemblance avec un personnage réel n’est pas fortuite. Le ministre planté par les auteurs est l’émanation de Dominique de Villepin dans toute sa splendeur. Volubile, excessif et un brin caractériel, le brillant homme possède une haute estime de lui-même et de la position de la France dans le monde. Investi d’une mission suprême, au dessus et au-delà de la politique, le capitaine compte sur les membres de son équipage pour accomplir le but qu’il s’est fixé. Exigeant, il mène une croustillante galerie de seconds rôles : le directeur de cabinet stoïque et efficace, le cynique comique de la bande, le quadra hyper stressé, la charmante arriviste spécialiste des coups fourrés…et un jeune fraichement engagé pour participer à la rédaction des discours du ministre. 

A travers les yeux de ce nouveau venu, le lecteur est emporté dans un rythme décapant, devenant le spectateur privilégié du tourbillon permanent provoqué par l’extravagant personnage. Car si le sujet est sérieux, c’est par le biais de l’humour que l’on se retrouve plongé dans le quotidien de cette équipe ministérielle.

L’histoire est un régal, son illustration est tout aussi admirable. Légèrement caricatural, le trait est un peu forcé afin d’accentuer la dimension humoristique. Précis, vif et énergique, le dessin retranscrit à merveille l’hyper mouvement perpétuel contrasté par le cadre feutré des lieux. 

L’osmose entre les deux coauteurs offre un excellent moment au lecteur emballé par le rythme, séduit par la verve et l’esprit, et conquis par le délicieux mélange de culture et d’humour.

Avec de tels ingrédients, Bertrand Tavernier disposait de bonnes bases pour réaliser une succulente comédie. Réponse dans deux jours…  

 

Une planche extraite du premier tome.
Une planche extraite du premier tome.


Yanik Musik : La Playlist d’Octobre 2013

 

Benoit Tessier "Ha Noi" (crédit: Yanik)
Benoit Tessier « Ha Noi » (crédit: Yanik)

 

Encore une recette originale pour ce gâteau musical élaboré avec une bonne dose d’électro, quatre louches de reggae, une pointe de calypso, une touche d’Afrique de l’ouest, des paroles sifflées et une note finale légendaire. Mangez bougez autant que vous voudrez !  

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1- Feloche « Silbo »

Siffloter comme les hommes de La Gomera où se pratique cette étrange langue sifflée 

2- Trentemøller Feat Mary Fisker « Candy Tongue »

Virage au nord, vers Copenhague où sévit le talentueux Anders Trentemøller 

3- Pierre Mottron « Colorful »

Trois changements de couleurs dans le même morceau, un bon mélange de saveurs ! 

4- !!! « Even when the water’s cold »

Difficile de sortir un titre de l’album « Thr!!!er » tant tout est bon dans ces points d’exclamation 

5- Breton « Got well soon»

La dernière bombe du collectif londonien 

6- Fakear « Morning in Japan »

Une excursion extrême orientale concoctée par un petit gars de Caen bourré de talent 

7- Kobo Town « Kaiso Newscast »

Du reggae, du dub et du calypso, le tout en direct de Toronto 

8- Biga Ranx «Storm dance»

Le frenchy originaire de Tours gravit les échelons de la musique jamaïcaine 

9- Patrice «Boxes»

Pour son 7ème album, le Patrice version 2013 est encore un excellent cru 

10- Milton Henry « Let go the ego »

Une magnifique voix jamaïcaine remise sur le devant de la scène pour le plus grand plaisir des amateurs de roots reggae 

11- Debademba « Pleine lune »

Un bel instrumental issu du projet des compères Burkinabé-Malien 

12- C.A.R « Hijk »

Une B.O noire et envoûtante, idéale pour accompagner une marche citadine et automnale 

13- Lou Reed « Walk on the wild side»

Impossible de boucler cette liste sans un hommage à cet immense artiste

 

https://www.youtube.com/watch?v=e8e9RBdCM38


Mont de Marsan Sculptures, l’animal en vecteur culturel

 

La passion de Mont de Marsan pour la sculpture ne date pas d’hier. En effet c’est dans la préfecture des Landes que naquirent les deux artistes majeurs que sont Charles Despiau et Robert Wlérick dont les noms servirent à baptiser le musée municipal, le seul en France consacré à la sculpture figurative de la première moitié du 20ème siècle. 

Pour entretenir la flamme, la ville organise tous les trois ans depuis un quart de siècle, l’événement Mont de Marsan Sculptures qui place cet art à l’honneur dans les moindres recoins de la cité. Après avoir exploré le monde de l’eau en 2010, la nouvelle et neuvième édition s’intéresse à l’animal, intarissable source d’inspiration artistique. Pour cela, prés de 180 œuvres sont dévoilées et le parcours visant à les découvrir s’articule en quatre thématiques. 

Mauro Corda "Boston terrier" 2008 (crédit: Yanik)
Mauro Corda « Boston terrier » 2008 (crédit: Yanik)

L’animal contemporain

Pour entamer la promenade, quelques toutous s’offrent aux marcheurs, variant les techniques, les dimensions et les époques. La confrontation des styles est déjà de mise lorsque qu’un classique basset de Jules Moigniez (19ème) fait face à un Boston terrier en bronze doré et argenté exécuté en 2008 par Mauro Corda.  

Ces chers canidés sont placés au pied des escaliers qu’il convient de gravir pour accéder à deux œuvres majeures de la manifestation. A l’intérieur des Halles vous attend une créature fantastique, imaginée par Johan Creten, qui semble veiller  sur la meute mise en place par Roland Cognet. Ce dernier a installé de nombreux animaux, au sol et sur des colonnes en bois, dont la reproduction se retrouve sur les murs avec des portraits sur panneaux noircis et gravé au ciseau à bois.  

Roland Cognet "Seuls sont les indomptés" (crédit: Yanik)
Roland Cognet « Seuls sont les indomptés » (crédit: Yanik)

 

L’animal aquatique

A quelques pas de là, se trouve l’univers le moins riche en quantité mais pas pour autant le moins surprenant. Une légère descente vers le cours d’eau est nécessaire pour arriver à proximité d’un étonnant contrebassiste réalisé par Jose Guirado devant lequel un fascinant mutant homme grenouille se prosterne (Mauro Corda). 

Une créature humano batracienne de Mauro Corda (crédit: Yanik)
Une créature humano batracienne de Mauro Corda (crédit: Yanik)

 

L’animal moderne

C’est sur ce segment du parcours que l’on peut observer le plus grand nombre d’œuvres réparties en plusieurs lieux. Au musée Despiau-Wlérick, en son intérieur et en ses abords, on peut admirer des interprétations animales selon de nombreuses méthodes, allant des techniques les plus traditionnelles du 19ème siècle aux installations conceptuelles employant des objets de la vie quotidienne. Sans être exhaustif, le bestiaire est pourtant extrêmement complet ; le singe, le cheval, le taureau, l’ours polaire et l’ensemble des animaux africains sont ici représentés pour ne citer qu’eux. A ces êtres existants, s’ajoutent des matières rampantes en céramique conçues par Myriam Blom, positionnées ça et là parmi la collection permanente du musée.  

Myriam Blom "Ceux qui rampent" 2013 (crédit: Yanik)
Myriam Blom « Ceux qui rampent » 2013 (crédit: Yanik)

 

Tour à tour ébahi par l’hyper réalisme d’une représentation figurative, puis séduit par le style épuré d’Edouard-Marcel Sandoz ou de François Pompon, le visiteur est également questionné par le travail interpelant de Natacha Sansoz.

Dans le bâtiment accolé, le musée Dubalen abrite deux artistes. Le premier se rencontre dés l’accueil avec un stand de tir élaboré par le plasticien américain Mark Dion. L’étage est quant à lui laissé à Patricyan qui investit l’espace de façon remarquable au milieu des bêtes taxidermées présentes dans ce lieu dédié à l’histoire naturelle.

Mark Dion "The shooting gallery" 2010 (crédit: Yanik)
Mark Dion « The shooting gallery » 2010 (crédit: Yanik)

 

La ménagerie fantastique

Les dernières foulées se font dans un parc où l’artiste Jose Guirado se taille la part du lion avec huit œuvres en métal aux reflets cuivrés et dorés. Dans un cadre naturel, le passage en revue des diverses créations mène le spectateur vers le bouquet final du parcours. Sur un kiosque est apposée une  gigantesque maquette en peuplier mesurant 4,60m de haut et 3,80m de large. Placée sous verres, cette pièce à grandeur d’exécution signée Robert Wlérick et Robert Martin, est le modèle qui servit à réaliser la statue du Maréchal Foch trônant actuellement sur la place du Trocadéro à Paris. 

 

Jose Guirado "Dragon de Salant" (crédit: Yanik)
Jose Guirado « Dragon de Salant » (crédit: Yanik)

 

Entre1h30 et 2 heures auront été nécessaires pour accomplir l’ensemble du chemin artistique. Une route qui se veut culturelle mais aussi ludique et surtout accessible grâce à un sujet universel apprécié des petits et des grands. Un bel exemple de manifestation où l’art est mis à la portée de tous.    

 

Quoi: Mont de Marsan Sculptures 9

Où: Partout dans Mont de Marsan

Quand: Jusqu’au 03 novembre 2013

Combien: Gratuit


L’œil de la rue

 

Dans le riche programme des Vibrations Urbaines se déroulant actuellement à Pessac, se niche une exposition collective de jeunes pousses issues de la culture de rue. 

Triée parmi de nombreuses candidatures, la sélection présentée constitue la dernière ligne droite d’un concours national de Street Art lancé en début d’année. Après un premier choix effectué sur dossier, les quinze candidats retenus se sont vus adresser des règles strictes pour la nomination finale. Ainsi, chacun d’entre eux a du s’exprimer dans un cadre identique ; noir et rectangulaire de 70cm par 100cm.

Partant sur un pied d’égalité, les concurrents apposent leur talent dans un même espace, tous ayant à cœur de mettre en valeur leur originalité à l’aide de pinceaux, bombes aérosol, feutres marqueurs (Posca) et autres matériaux divers.

 

Tao "Return of the K7 #C2C#" (Crédit: Yanik)
Tao « Return of the K7 #C2C# » (Crédit: Yanik)

Crée par un jury exigeant, notamment composé de Valérie Mondot (Taxie Gallery) et de Mr Kern (artiste), le groupe présente des influences diverses et variées. Si plusieurs relatent l’univers du graffiti ou du hip hop, certains démontrent des influences et/ou un résultat plus ou moins éloignés de cet univers. 

Classique dans le sujet mais original dans sa réalisation, Tao a composé une toile formée de cassettes audio accolées sur laquelle il a pressé ses aérosols pour décrire une scène de DJing. D’autres nous livrent leur interprétation de la rue ; graphique et stylisée selon COR 21 qui tente de définir la notion de Street Art, explosive et colorée avec Mellow et sa vision utopique de l’environnement urbain, exotique avec la peinture à l’huile de Benoit Tissier qui produit  un moment de vie asiatique sous l’influence de Jean-Michel Basquiat. 

Car l’appellation générique de Street Art recouvre bien des réalités, le jury de ce concours s’est attaché à composer un panel large offrant au visiteur un panorama à 360° de cette culture. Verdict le 26 octobre pour connaître le nom des lauréats.

 

Noga "Séquence nocturne" (Crédit: Yanik)
Noga « Séquence nocturne » (Crédit: Yanik)

 

Quoi : Exposition « L’œil de la rue »

Qui : Exposition collective

Quand : Jusqu’au 27/10/2013

Où : Pessac en scènes, 21 place de la Vème République, 33600 Pessac  

Combien: Entrée libre


Les réceptions de l’ambassadeur sont toujours un succès

 

Enfant de la télé, Mr Kern a intitulé son exposition avec une phrase culte de la publicité des années 1980-90. On y voyait une grande réception avec des hommes en smoking et des femmes en tenue d’apparat, sur laquelle régnait une ambiance guindée, truffée de ronds de jambes et de bonnes manières. Le genre d’image que l’on peut se faire du milieu de l’art et de la culture en général… 

Les Eggheads à Basel 1 (Crédit: Yanik)
Les Eggheads à Basel 1 (Crédit: Yanik)

 

Le travail de cet artiste originaire de Bordeaux est aux antipodes de ces clichés. Palette flashy et personnages (réels) hauts en couleurs, le peintre aime à reproduire ou à imaginer des scènes surréalistes amplifiées par sa vision décalée. Illustrateur de talent au service d’un œil de photographe affuté, il présente à l’Arthotèque de Pessac une quinzaine d’œuvres dont le point commun est un humour décapant et parfois grinçant.

Comme nombre d’artistes, le peintre a son univers propre, ses sujets récurrents et même sa muse. Point de naïade « taille mannequin » pour inspirer le créateur mais un barbu bedonnant chaussé de mules à l’effigie de Bart Simpson. Sorte de Philippe Katerine des pinceaux, il exprime sa vision décalée et critique au travers du loufoque et de la dérision. On rit parfois face aux toiles, on sourit souvent devant le comique des situations, mais le grotesque ainsi souligné ne doit pas faire oublier le talent de l’exécutant dont l’œuvre est appréciée de multiples collectionneurs. 

Qualifiant son style de « semi-réalisme grotesque », celui qui se prénomme Ornaldo dans le civil nous offre dans le cadre des Vibrations Urbaines, un moment amusant issu d’une dimension comico-burlesque unique dont lui seul a le secret. 

Les Indiens -Orele ainsi que son frère (Crédit: Yanik)
Les Indiens -Orele ainsi que son frère (Crédit: Yanik)

 

Quoi : Exposition « Les réceptions de l’ambassadeur sont toujours un succès »

Qui : Mr Kern

Où : Arthotèque, 2 bis rue Eugène et Marc Dulout 33600 Pessac

Quand : Jusqu’au 27 octobre 2013

Combien : Entrée libre


Le Vigneron à Buzet sur Baïse

Préparant un déplacement professionnel dans ce secteur, des recherches informatiques ont rapidement guidé mes clics vers la ville de Buzet sur Baise où se trouve le restaurant Le Vigneron au sujet duquel les critiques des internautes se font dithyrambiques. 

Arrivé face à l’établissement, je constate que les excellentes notes n’ont pas été basées sur des critères esthétiques. Peu engageante, la morne façade est affublée d’une triste terrasse au mobilier de jardin en plastique, avec vue imparable sur les voitures. Relisant dans ma tête les observations positives au sujet de l’établissement, je fais fi de ses premières sensations pour finalement pousser la porte de l’établissement…

Le Vigneron à Buzet sur Baïse (Crédit: Yanik)
Le Vigneron à Buzet sur Baïse (Crédit: Yanik)

 

Au terme d’un long couloir, trois souriantes personnes accueillent le visiteur et le papa de la bande m’invite à prendre place. Grand gaillard au cheveu noir, il est vêtu comme ses collègues masculins avec un pantalon noir  et une chemise blanche surmontée d’un nœud papillon. Un peu « too much » me dis-je à l’examen de la volumineuse salle dont l’aménagement et la décoration ne sont pas preuves d’un sens inné pour la décoration. Qu’importe que le goût ne soit pas entre les murs, pourvu qu’il soit dans l’assiette !

Car c’est à ne niveau que se situe la principale qualité des lieux. Alliant terroir et gastronomie, la carte propose divers menus dont le moins cher est inférieur à 15 € (en semaine le midi) et le plus onéreux flirte avec les 50€. L’offre économique semble sur le papier offrir un rapport très intéressant, déclinant un éventail de possibilités (quatre entrées et six plats) alléchant et original.

 

Croustillant de porc aux épices (Crédit: Yanik)
Croustillant de porc aux épices (Crédit: Yanik)

Devant une offre principalement axée sur la cuisine du sud-ouest, ma sélection allie modernité et terroir  et se porte pour la première assiette, sur un croustillant de porc aux épices. Mais avant de déguster ce choix, un jeune homme s’approche, soupière à la main pour servir le potage du jour. Trois coups de louche plus tard, il se retire et je peux apprécier le doux breuvage aux légumes qui comblera l’attente jusqu’à l’entrée  souhaitée.

Déposés dans une assiette ronde, les croustillants se présentent sous forme de cylindres semblables à des nems. A l’intérieur des feuilles de brick, a été enroulée la chair effilée, agrémentée de minuscules dés de carottes, d’oignons, de persils et d’une légère touche d’épices orientales. Croquant en surface, fondant à l’intérieur, le met se suffit à lui-même mais peut aussi être gouté différemment en le mélangeant à la sauce rouge qui apporte une autre vision, basculant de la douceur craquante à la tonicité d’un accompagnement à base de tomate et de citron notamment.

 

Coq au vin de Buzet (Crédit: Yanik)
Coq au vin de Buzet (Crédit: Yanik)

Pour la suite des débats, c’est sur un grand classique de la gastronomie hexagonale que j’avais porté mon dévolu : le célèbre coq au vin. Quoi de plus symbolique que ce plat qui combine l’animal emblème de la France avec la boisson nationale du pays.  Dans la vaisselle ronde et creuse, trois généreux fragments de volaille côtoient des pommes et terres, le tout copieusement arrosé de la sauce issue d’un long mijotage destiné à attendrir la chair sèche du gallinacée. Un délicieux mets de terroir préparé avec du Buzet, le nectar viticole local. 

Pour terminer sur une note sucrée, ce n’est pas un dessert mais une ribambelle de douceurs qui est apportée devant le client. Difficile choix face à autant de profusion, d’autant plus qu’il est possible d’en déguster plusieurs. Confronté à l’embarras du choix, j’oriente ma décision sur le gâteau de la maison ; un crêpier qui, comme son l’indique, est constitué d’une superposition de crêpes et de crème pâtissière. Une note finale parfaitement en adéquation avec le reste du repas.

 

Le chariot de desserts (Crédit: Yanik)
Le chariot de desserts (Crédit: Yanik)

Loin des adresses « hype » et surcotées à coup de meubles de designer et autre ambiance ultra contemporaine, la maison mise tout sur une cuisine généreuse et traditionnelle en conformité avec le terroir environnant dans ce coin du sud-ouest. Pas de bling bling ni de chichi dans l’assiette, nous ne sommes pas ici dans un concours télévisé mais bel et bien dans une région où il fait bon vivre et dans un restaurant où il fait bon manger.

Le menu à 14.90€ du restaurant Le Vigneron (Crédit: Yanik)
Le menu du jour à 14.90€ du restaurant Le Vigneron (Crédit: Yanik)


Le jour où je pris la route avec un hobo

C’était un jour gris et monotone, plat comme la droite ligne sur laquelle je roulais. Accoudé contre la vitre, la joue écrasée sur le poing et le pied englué sur l’accélérateur, j’avançais en rase campagne, le regard vague et l’esprit ailleurs, bien loin du blabla radiophonique supposé me tenir compagnie.

Quand tout à coup je vis au milieu de nulle part une silhouette bras tendu et pouce levé, l’occasion était trop belle de rendre service à une personne tout en brisant la solitude du moment.  A l’autre bout de cette phalange se postait un jeune homme surmonté d’une coiffure rasta et, sous les dread locks, un large sourire arborant de-ci de-là quelques piercings. Ralentissant à sa hauteur, et après renseignement pris sur nos destinations respectives, le garçon posa son pantalon baggy sur le siège passager de mon véhicule. Sans prendre trop de risque, j’abordais alors le thème musical pour rompre la glace. Et comme l’habit ne fait pas le moine, mon compagnon de route se trouva fort surpris de constater que le conducteur avait une connaissance développée de la musique reggae. Vint le parcours de la discographie disponible au terme duquel je le convainquis de tenter l’écoute d’une artiste qu’il ne connaissait pas ; Judy Mowatt. Balançant ses cheveux au son du rythme jamaïcain, il ne tarda pas à lâcher du fond de son cœur un « putain, qu’est ce que c’est bon ! ».

Peinture de rue sur une porte d'Avignon (Crédit: Yanik)
Peinture de rue sur une porte d’Avignon (Crédit: Yanik)

Notre bout de chemin démarrait sous les meilleurs auspices et la conversation put ainsi réellement débuter. Il s’appelait Jean et n’avait pas de domicile fixe. Il n’était pas pour autant dépourvu de toit puisqu’il dormait dans son camion. Un véhicule-maison en état de marche, mais dont le vagabond était privé de conduite pendant un certain temps, « à cause du cannabis, je me suis fait choper » entendis-je sans le moindre étonnement. En bon monsieur tout le monde, je ne pus m’empêcher de lui demander de quoi il vivait. De boulots saisonniers me répondit-il ; le maïs, les asperges et les kiwis dans les Landes, les vendanges dans le bordelais, la cueillette des pommes en Lot-e-Garonne…Le travailleur itinérant reste rarement sans rien faire. Il vogue au grès de ses envies et se présente en agence d’intérim dès qu’il débarque dans un secteur. Face joviale à l’appui, il dégote de quoi s’occuper et gagner quelques sous. Point de misérabilisme dans son discours, son mode de vie fait sa fierté : « Je suis libre » affirma-t-il satisfait, « pas comme toi qui est complètement enchaîné » ajouta-t-il. Opinant du chef, je fus alors saisi par une minute de nostalgie durant laquelle défilèrent dans ma tête des rêves oubliés, dignes de l’œuvre littéraire de Kerouac (Sur la route) ou cinématographique de Sean Penn (Into the wild).

Retour à la réalité et à la bonne humeur, pour reprendre une discussion nourrie et bon enfant. Traversant un village, mon copilote désigna un restaurant dans lequel il avait déjeuné la veille, à l’œil. En bon débrouillard, il a le regard affûté et ne laisse passer aucune faille. Lorsqu’il reçut son repas accompagné d’une canette, il s’aperçut en retournant cette dernière que la boisson était périmée. En toute discrétion, il dévora son menu et feignit la surprise après le dessert. Déclarant ce vice inadmissible, la négociation s’engagea avec l’aubergiste pour aboutir à la gratuité du couvert.

Je me délectais de l’anecdote et en félicitais le conteur qui alliait travail et système D au service de sa philosophie de vie. Une existence choisie, vécue et assumée, en dehors de tout moule et de toute obligation. « Ma mobilité me rend libre de mes mouvements et de mes décisions. Si un patron me gonfle, je me casse sans me poser de questions parce que je n’ai de comptes à rendre à personne » expliqua-t-il pour exprimer son sentiment d’indépendance. Car c’est bien sur ces propos que réside le nœud du problème ; s’affranchir des règles impose de pouvoir et/ou de vouloir briser ses liens, ou de ne pas en tisser. Un cap à franchir qui n’est pas donné à tout le monde.

Le lieu d’arrivée s’approchait et je déposais mon camarade à l’endroit indiqué. Une poignée de main amicale assortie d’un « à la prochaine man ! » précédèrent mon redémarrage en direction de mon quotidien. J’observais dans le rétroviseur sa silhouette s’amenuiser jusqu’à la disparition  totale et remis au début l’album de Jody Mowatt afin de prolonger les bénéfices du dialogue écoulé, et de conserver dans mon esprit l’éclaircie provoquée par cette rencontre.  


Dans le rétroviseur, septembre 2013

Vous n’avez pas suivi tout ce qui s’est passé sur la planète Kalakarrika le mois dernier ? Pas de panique, voici une séance de rattrapage avec au programme : du son, de la sueur, des vibrations et des émotions.

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Déroulé sur quatre jours du mois d’aout, le festival Baleapop 4 vous est conté ici. Entrez dans l’antre de la baleine pop, comme si vous y étiez 

 

Un autre festival qui compte, le Black & Basque a eu la bonne idée de coupler l’événement musical avec une magnifique exposition. Un choc artistique afro basque à savourer par là. 

 

C’est désormais une habitude, la Playlist du mois vous a été livrée et elle vous réserve bon nombre de surprises. Plongez vos oreilles dans cet espace unique ou se croisent électro pointue, pop sophistiquée, voix orientale et notes sahariennes. 

 

La sueur sous le casque et les épaulières avec des résumés de matchs NFL :

–          Invaincus en ce début de saison, les Saints démarraient par une victoire face au rival de la division, les Falcons.  

–          A l’inverse, les Tampa Bay Buccaneers semblent partis pour vivre une saison cauchemardesque après leur quatrième défaite consécutive face aux Cardinals d’Arizona. 

Et comme le football américain ne se joue pas qu’aux USA, retrouvez mes papiers dans le dernier numéro de 4th & Goal, le seul magazine français dédié à ce sport. Vous y découvrirez sous ma plume :

–          Le club des Atlantes Côte Basque, basé à Biarritz

–          La naissance d’initiatives en Afrique du Nord, et en particulier en Egypte, au Maroc et en Algérie.

 

En vous souhaitant de bonne lecture et de bonnes découvertes,

Curieusement vôtre.

Yanik

4thGoal-FootUSAfriqueNord

4thGoal-Atlantes


Yanik Musik: la playlist de septembre 2013

Prêt pour le voyage musical mensuel ? Encore une fois, le pilote vous guidera sur des terres inattendues survolant sonorités et ambiances en provenance d’univers et de régions diamétralement opposés. Un espace intersidéral où cohabitent électro exigeante, musique du désert et pop des années 1980, une zone de décontraction inédite. Alors, détachez votre ceinture, ouvrez vos écoutilles et laissez-vous porter.   

 

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Gerhard Richter "Abstract Painting" 1987 (Crédit: Yanik)
Gerhard Richter « Abstract Painting » 1987 (Crédit: Yanik)

1- F/Lor « Flat Snow »

Parce que je l’ai vu au festival Baleapop et que j’ai adoré le son produit par ce type 

2- Jackson And His Computerband « Vista »

Parce que mec est un génie, tout simplement

3-Sauvage « Glory »

Parce que Sauvage rime avec voyage 

4- Iamamiwhoami « U 2 »

Parce que cette suédoise est une incroyable artiste pluri dimensionnelle 

5- Tristesse Contemporaine « Fire »

Parce que trio international basé à Paris pratique une pop retro futuriste des plus savoureuses 

6- Au Revoir Simone « Somebody who »

Parce qu’on reste dans la mouvance Chic 80’s 

7- FTSE « So much shine »

Parce que c’est langoureux, chaud et sexy, mmmmmhh… 

8- Elyas Khan « Bells »

Parce que le groove peut être très sensuel 

9- Elvis Costello and The Roots « Walk us uptown »

Parce qu’une légende du rock rencontre une légende du hip hop 

10- Riff Cohen « Dans mon quartier »

Parce que son quartier est aussi le mien 

11- Yasmine Hamdan « Deny »

Parce que cette musique et cette voix venue du Liban sont littéralement envoûtantes 

12- Tamikrest « Itous »

Parce qu’il y a une petite rythmique reggae dans ce titre des hommes de Kidal 

13- Robi & Dominique A « Ma route »

Parce que la fin du voyage musical donne l’envie de tailler la route