Un édile gabonais comme les autres
Ce qui aurait pu causer fortes polémiques et grandes discussions ailleurs s’est déroulé sans grand émoi dans le pays présidé par Ali Bongo Ondimba. Le dimanche 5 janvier 2014, le Gabonais Claude Sezalory a été élu maire de la commune d’Akanda, située au nord-est de la capitale. Pourquoi parler de cet évènement ici, tout simplement parce que le nouveau premier magistrat de cette ville a la peau blanche, ce qui semble constituer une première dans ce pays d’Afrique équatoriale.
La peau blanche oui, mais le cœur bel et bien gabonais. Comme il le dit sur le site Africatime : « Je suis Français de naissance, mais je suis Gabonais d’âme et d’esprit (…) je suis arrivé avec mes parents au début des années 1950, j’ai fait toute ma vie ici ».
En effet, l’homme qui a débarqué dans le pays à l’âge de sept ans y a accompli ensuite toute sa scolarité ainsi que sa carrière professionnelle devenant agent et promoteur immobilier influent dans la région.
La municipalité nouvelle-née entre donc dans les annales avec ce maire dont les priorités sont notamment l’aménagement des voiries, la construction du plus grand et plus beau marché d’Afrique centrale ainsi que la construction d’écoles, de dispensaires et de parcs pour enfants.
Dans ce pays d’un million et demi d’habitants plus vaste que le Royaume-Uni, cette élection ne déclenche pas de vagues de critiques ou de commentaires démesurés ou nauséabonds comme on pourrait les lire ou les entendre en France dans d’autres circonstances. Sans doute, l’étiquette PDG (Parti démocratique gabonais, le parti au pouvoir) a aidé la liste de M. Sezalory à conquérir le pouvoir avec 58 % de votes obtenus. La localisation constitue également un paramètre puisque la commune rassemble les quartiers riches du nord de Libreville et le Cap Estuarias, avec vraisemblablement une population aisée peut-être plus réceptive à ce type de différence et tout simplement sensible à son appartenance au monde des affaires.
Nouveauté au Gabon, un tel fait s’est pourtant déjà produit en Afrique subsaharienne. Sur le continent où plusieurs premières dames sont d’origines françaises, d’autres exemples d’élus à la peau claire existent.
Au Sénégal, André Guillabert fut maire de Louga puis de sa ville de naissance, Saint-Louis. Cet avocat diplomate et proche de Jacques Chirac s’est vu confier les rênes de la représentation extérieure de son pays en devenant ambassadeur puis (très brièvement) ministre des Affaires étrangères du Sénégal.
De nos jours, on trouve aussi une femme aux commandes de la ville d’Akono au Cameroun. Originaire de Valenciennes, cette veuve très impliquée dans la vie locale depuis longtemps gère les affaires de cette commune de prés de 20 000 âmes située à 60 km de Yaoundé.
Enfin, encore plus original et plus exotique, on a vu une Chinoise de naissance se présenter aux élections législatives de novembre dernier au Mali. Astan Coulibaly ou Yu Hong Wei n’a récolté que 6,58 % des suffrages dans la circonscription de Segou où elle se portait candidate, mais elle représente à mes yeux un beau symbole des effets positifs (car il y en a beaucoup !) de la mondialisation.
Parce que la couleur de peau ne fait pas le citoyen, elle ne préjuge pas non plus de la qualité d’un élu. Les Gabonais nous livrent à travers cet exemple une expression de tolérance dont beaucoup gagneraient à s’inspirer.
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