Un voyage en Afrique, non merci !
Le Français n’est pas toujours un grand voyageur mais lorsqu’il ferme les yeux, il rêve de Polynésie, d’Océanie, d’Asie… Mais jamais d’Afrique ! Tentative d’explication après une petite enquête dans mon entourage proche, moins proche ainsi qu’auprès de mes contacts internautes.
Un continent qui ne fait pas rêver
Mon aventure Mondoblog est avant tout le fruit d’une histoire d’amour. Car si j’ai atterri sur cette plateforme de blogueurs francophones, c’est par passion pour l’Afrique. Une passion qui me conduit à m’informer quotidiennement auprès de la presse de référence de ce quotidien, en particulier RFI la radio marraine de cette belle initiative. Pourtant lorsque je discute avec mes compatriotes français, je m’aperçois que ma passion noire est loin d’être partagée. Et quand je leur demande s’ils souhaitent visiter un pays d’Afrique sub-saharienne, la réponse est très majoritairement négative. Cette impression, confirmée par un sondage auprès de personnes d’univers et d’âges différents m’a permis de tirer quelques conclusions quant au rejet de ce continent comme une potentielle destination de vacances. Alors que beaucoup d’entre eux ont voyagé dans des contrées lointaines, ceux qui ont déjà eu l’occasion de venir en Afrique sont une minuscule minorité. Pire encore, lorsque je demande quelle est leur destination préférée dans l’absolu, aucun ne cite un pays du continent. C’est clair, l’Afrique ne fait pas rêver !
L’Afrique fait peur
Pire encore, elle effraie. Parmi les raisons invoquées figure quasi systématiquement l’insécurité. Les images de guérillas, de massacres vues au JT sont surement présentes dans les esprits, tenaces elles ne sont pas gommées ou relayées au second plan par d’autres aspects qui permettraient de passer outre. Pour le Brésil, on pense d’abord aux plages de rêves alors que l’insécurité y est, dans les grandes villes, omniprésente. Le Mexique a un pays au taux de criminalité le plus élevé au monde à cause des cartels de narcotrafiquants, cette donnée, dans les esprits des vacanciers, est dissimulée par les temples Aztèques et Mayas ainsi que par le sable fin caribéen. Les exemples de ce type peuvent être multipliés, les zones de danger sont nombreuses dans le monde et finalement, peu nombreux sont les pays dans lesquels il n’existe aucune zone dangereuse.
Cachez cette misère que je ne saurais voir
Autre raison citée régulièrement : la misère. Les vacances, c’est fait pour se détendre et surtout pas se confronter à des problèmes, encore moins aux réalités de la planète ou d’un pays. Le touriste recherche une bulle de plaisir et finalement, il souhaite rarement sortir de sa zone de confort. Et même lorsqu’il va dans des pays où la misère existe, il ne souhaite pas la voir. La République Dominicaine, oui mais en formule « tout inclus » dans un hôtel 4 étoiles. L’Asie, avec plaisir mais on ne va pas penser aux gamins qui se tuent au travail dans les usines de textile de grandes chaines occidentales… L’Afrique semble à leurs yeux concentrer toute la misère du monde. Je l’avoue, moi-même j’avais l’appréhension du choc frontal avec des populations qui n’ont pas le dixième du confort possédé en occident. Et c’est vrai, j’ai vu en Côte d’Ivoire de la pauvreté, mais pas de misère !
Rendre l’Afrique sexy
Le tourisme étant un business de l’imaginaire (il s’agit de vendre du rêve), tout est finalement une histoire d’image et de communication. Et lorsqu’on réfléchit à l’imagier africain véhiculé en Europe, force est de constater qu’il est plutôt maussade. Il en faudrait peu pour inverser la tendance car si on y réfléchit, beaucoup de pays africains possèdent les atouts pour développer une économie touristique. À commencer par l’ami n°1 du touriste : le soleil ! Ajoutez à cela une nature encore préservée, des espèces animales rares, des cultures ancestrales, l’hospitalité… Ensuite, c’est bien connu le français n’est pas très doué en langues étrangères. Un obstacle idiomatique totalement levé dans les pays francophones. Sans compter que cette main d’œuvre qui s’exprime dans la langue de Molière ne coute pas cher, ce qui lui permettrait d’être nombreuse pour choyer le toubabou porteur de fraiches devises. Alors si mes concitoyens n’ont pas envie d’aller en Afrique, ce n’est peut-être pas seulement à cause des méchants médias occidentaux qui véhiculent une image négative et réductrice. Mais c’est certainement le manque de vision à long terme des classes dirigeantes bien souvent trop occupées à enrichir leur patrimoine personnel au détriment de l’intérêt général. Certains pays de la péninsule arabique injectent des millions (voire des milliards) issus de l’exploitation pétrolière et gazière dans le tourisme dans le but de prévoir le coup d’après, le moment où les réserves naturelles seront insuffisantes. Un exemple qui mériterait bien d’être suivi. Un effort politique et quelques campagnes de communication, il n’en faudrait pas plus pour que l’occidental puisse envisager un pays africain dans ses potentielles destinations de voyage. Car comme le disait une des personnes interrogées, sans aucun à priori : « l’Afrique, je n’ai rien contre mais je n’y pense pas ».
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