Le Top 10 des cambriolages d’œuvres d’art
Malgré les difficultés à écouler des œuvres d’art désormais toutes répertoriées, les musées continuent d’être l’objet de nombreuses attaques. Commandes déterminées ou motivations rocambolesques, les rebondissements des enquêtes mènent parfois les tableaux vers des destins pour le moins inattendus.
10- Le cambriolage de crise
Pinacothèque, Athènes, 08/01/2012
Pas plus de sept minutes auront suffi aux bandits pour subtiliser trois œuvres ; « Tête de femme » de Pablo Picasso, « Le moulin » de Piet Mondrian et un dessin de Guglielmo Gaccia.
Source de polémique en Grèce et dans le monde l’art, la facilité de ce vol a été imputée aux réductions d’effectif causées par la dure crise qui frappe le pays. Les œuvres sont toujours activement recherchées.
9- L’enquête corse
Musée Fesh, Ajaccio, 18-19/02/2013
Au cours d’une nuit hivernale, quatre tableaux dont un Poussin « Le roi Midas à la source du fleuve Pactole » disparaissent du musée corse. L’auteur ne tarde pas à se faire connaître. Il s’agit du veilleur de nuit de l’établissement qui revendique son acte, exigeant un logement de fonction contre leur restitution. Escortés par les forces de police, il les mène jusqu’à son véhicule contenant le butin. Arrivés devant la voiture fracturée, l’assistance constate avec stupéfaction l’absence des toiles.
Trois mois plus tard un coup de fil anonyme au procureur de la république d’Ajaccio annonce la restitution des œuvres qui seront retrouvées dans un sachet plastic déposé sur un parking de la ville. Le procès d’octobre dernier a condamné le gardien et un complice mais n’a pas permis d’élucider les nombreuses zones d’ombres qui planent encore sur le dossier.
8- Le tableau le plus volé
Dulwich Picture Gallery, Londres
Ce « Portrait de Jacob de Gheyn III » de Rembrandt est considéré comme la toile la plus dérobée avec à son actif quatre vols depuis 1966. La taille réduite ce tableau (29.9×24,9cm) est sans doute un des facteurs expliquant sa popularité auprès des malfrats. Retrouvé dans une gare, un taxi, ou sur une bicyclette, il a toujours été restitué de façon anonyme et on peut continuer de l’admirer dans le musée londonien.
7- Le one man show
Musée d’Art Moderne, Paris, 20/05/2010
En pleine nuit, un individu pénètre dans le musée après avoir cisaillé un cadenas et brisé une vitre, profitant d’un système d’alarme hors service. En un quart d’heure il dérobe cinq tableaux ; un Picasso, un Matisse, un Braque, un Modigliani et un Léger, emportant ainsi un butant évalué à prés de 100 millions d’euros. Ayant découvert les cadres vidés de leur toile le lendemain, le personnel de sécurité déclare n’avoir rien vu, rien entendu de cette ravageuse intrusion.
L’enquête permettra de retrouver l’auteur de cette prouesse, Vréjan Tomic, un professionnel de l’escalade et de la dérobade, déjà condamné à onze reprises pour des faits similaires. D’après ses dires, il aurait agi sous l’ordre d’une commande effectuée auprès de lui pour une toile de Fernand Léger. Malgré cette arrestation, les œuvres n’ont jamais réapparues.
6- Le cambrioleur collectionneur
Stéphane Brietwieser, 1995-2001
Par passion, cet alsacien aurait dérobé 239 œuvres dans les musées européens entre 1995 et 2001. Déclarant faire ça par amour de l’art et dans le souci de se constituer une collection personnelle, il n’a jamais tenté de s’enrichir en revendant l’un des fruits de ses excursions. Arrêté en 2001, les policiers ont découvert que son appartement deux pièces de Mulhouse abritait l’ensemble de ses vols. Soucieuse de protéger son fils, la mère du brigand a néanmoins eu le temps de faire disparaître une soixante d’œuvres en les noyant dans le canal Rhin Rhône.
5- Les skieurs expressionnistes
Musée Bührle, Zurich, 11/02/2008
Faisant irruption dans le musée à une demi heure de sa fermeture, trois individus armés et masqués par des lunettes de ski sont les artisans de ce coup de maître estimé à plus de 125 millions d’euros. Pendant qu’un des larrons tenaient personnel et visiteurs en respect à la pointe de son revolver, ses deux compères s’emparent de toiles des maîtres « Garçon à la veste rouge » de Paul Cézanne, « Coquelicots à Vetheuil » de Claude Monet, « Blanche de châtaigniers en fleurs » de Vincent Van Gogh et « Lepic et sa fille » d’Edgar Degas, toutes des chefs d’œuvres de l’expressionnisme. Si les tableaux de Van Gogh et Monet ont été retrouvés en 2010 dans un véhicule stationné à quelques pas du musée, les deux autres n’ont jamais été revus.
4- La razzia québécoise
Musée des Beaux-Arts, Montréal, 04/09/1972
Profitant de travaux sur la verrière du bâtiment, les malfaiteurs utilisent une échelle laissée sur place pour s’introduire dans le musée par un puits de lumière. Quand les individus armés se sont introduits dans le bâtiment, ils n’ont, une fois les gardiens ligotés, pas fait dans le détail, emportant sur leur passage des dizaines d’objets d’art. 39 bijoux, statuettes et 18 toiles (dont des œuvres de Delacroix, Rubens, Rembrandt, Corot…) se sont ainsi envolées ce jour là. Une seule a été retrouvée (« Paysage avec charettes et vaches » de Jan Bruegel l’Ancien), quelques mois après les faits, dans une consigne de la gare centrale de Montréal.
3- Le casse du siècle
Musée Isabella Stewart Gardner, Boston, 18/03/1990
C’est en se faisant passer pour des policiers que deux individus sont entrés dans le musée en pleine nuit, au prétexte de répondre à un appel d’urgence. Après avoir neutralisé les vigiles, ils font main basse sur treize tableaux parmi lesquels « Le concert » peint en 1664 par Johannes Vermeer, trois Rembrandt, un Manet ainsi que des dessins de Degas.
Considéré comme le plus grand casse d’art aux Etats-Unis, ce cambriolage estimé à plus 500 millions de dollars devra attendre 23 ans pour que le FBI en identifie les auteurs. Trop tard pour les poursuivre, les faits étant désormais frappés de prescription.
Liés aux organisations criminelles de la côte est des Etats-Unis, ils sont dans la nature, tout comme les tableaux dérobés en 1990.
2 – La fumée roumaine
Musée Kunsthal, Rotterdam, 16/10/2012
Les caméras de sécurité montrent deux individus entrer dans le musée à 3h22 et en ressortir…96 secondes plus tard. Un cambriolage aussi rapide que spectaculaire, sans aucun doute le plus important de ces dix dernières années, subtilisant sept tableaux : un Picasso, un Matisse, un Gauguin, deux Monet, un Lucian Freud et un Meyer de Haan.
Interpellée en mars 2013, la petite amie d’un des auteurs présumés n’a pas permis de dévoiler où les toiles se situent mais la mère d’un des accusés aurait été plus loquace, avouant les avoir brûlés dans son poêle à bois pour faire disparaître les preuves.
Les analyses ordonnées par le parquet de Bucarest ont retrouvé des traces de peinture à l’huile et de pigments utilisés au XXe siècle. Même si la certitude n’est pas acquise, il est malheureusement fort probable que cette version s’avère exacte. Le procès débutant demain (le 13 août) nous permettra peut-être d’en savoir un peu plus.
(13/08/2013, note de l’auteur : à peine ouvert le procès des six roumains inculpés vient d’être reporté d’un mois suite à la proposition du principal accusé de restituer cinq des tableaux contre une peine de prison purgée aux Pays Bas. Brûlés ou pas ? A suivre….)
1 – La Star de l’histoire de l’art
Musée du Louvre, Paris, 21/08/1911
Pour la disparition du plus célèbre tableau du monde, des personnalités telles que Pablo Picasso, ou Guillaume Apollinaire (cinq jours de prison) furent inculpés et mis en cause. Beaucoup moins connu le véritable auteur du méfait était un peintre en bâtiment qui, après s’être caché dans un placard à balai, avait subtilisé La Joconde de Leonardo de Vinci en l’enroulant sous son manteau. Vincenzo Peruggia était un illuminé nationaliste italien qui justifia son acte par un retour de l’œuvre dans son pays d’origine, affirmant que celle-ci avait été spoliée par la France. Mauvais en histoire, (La Joconde avait été achetée par le roi François Ier à De Vinci pour la somme de 4000 écus), il était également un piètre receleur et c’est en tentant de revendre la toile au Musée de Florence qu’il se fit cueillir.
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