La Côte d’Ivoire, l’autre pays du reggae
Né en Jamaïque, le reggae est sorti de son île à la fin des années 1970 avec l’émergence sur la scène internationale d’un certain Robert Nesta Marley. Présente aujourd’hui sur tous les continents, c’est peut-être en Afrique (en dehors des Caraïbes) que cette musique est la plus vivace et la plus ancrée dans la culture collective. Mon récent séjour en Côte d’Ivoire n’a fait que confirmer cette impression.
Une scène pléthorique
Quand on parle de reggae ivoirien, on pense forcément aux deux stars qui ont largement franchi les frontières du pays. La première d’entre elles est Alpha Blondy, sans aucun doute celui qui a donné ses lettres de noblesse au reggae du continent. Après plus de trente ans de carrière, le sexagénaire continue de produire des albums et remplit salles et stades aux quatre coins du globe. Ses chansons font partie du répertoire national et il n’est pas rare de les entendre dans un taxi abidjanais ou un café bassamois.
L’autre monstre sacré n’est autre que Tiken Jah Fakoly. Le résident bamakois souvent en opposition avec son aîné précité jouit d’une forte popularité au pays, en particulier grâce à ses actions en faveur de l’éducation. A l’instar de ses compatriotes Magic System, il s’investit dans diverses œuvres, notamment par le biais de sa campagne « un concert une école » qui permit la construction de plusieurs lieux d’apprentissage du savoir.
Tirée par ces deux locomotives, une riche scène compose et chante avec des artistes confirmés comme Ismaël Isaac, Serge Kassy et Béta Simon, ou plus jeunes tels que Jim Camson, Light Soljah, Kajeem, Hamed Farras…
Le souvenir de Bob Marley
Ici, le jour du décès de l’icône jamaïcaine est commémoré avec une ferveur surprenante. Chaque année, le 11 mai fait l’objet de rassemblements populaires chaloupant la foule au son du rythme binaire. Le week-end dernier ne fit pas exception à la règle et c’est au Central Park de Cocody que le plus gros évènement était organisé avec une dizaine de formations à l’affiche.
Pour ceux qui ne se rendent pas au concert, impossible de réchapper à l’anniversaire. Partout dans la rue, sur les marchés, dans les boutiques et les bars, les notes rasta s’écoulent paisiblement. D’Abidjan à Grand Bassam, le ballet des voitures débordantes de têtes et de bras déverse un flot de jeunesse sur les plages. Sur le sable ou en terrasse, hommes et femmes vibrent et chantonnent les paroles de la légende Bob dont le message humaniste reste plus que jamais d’actualité.
Cet héritage musical et philosophique trouve un écho particulier au pays des éléphants. Ici plus qu’ailleurs, entendre le public reprendre des messages de paix et de fraternité constitue sans nul doute la plus belle commémoration que l’on puisse offrir au grand Marley.
https://www.youtube.com/watch?v=Oysn_pRMukQ
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