Fumée roumaine, flou artistique

Article : Fumée roumaine, flou artistique
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15 janvier 2014

Fumée roumaine, flou artistique

Classé en deuxième position du Top 10 des cambriolages d’œuvre d’art publié cet été, le vol qui se déroula au Musée Kunsthal de Rotterdam dans la nuit du 15 au 16 octobre 2012 s’avère aussi spectaculaire qu’expéditif. L’épisode judiciaire de cette aventure nocturne aboutit en fin d’année dernière à la condamnation des malfrats tout en laissant la question de la situation des œuvres en suspens. 

« Tête d’Arlequin » Pablo Picasso, 1971 (source: Interpol)
« Tête d’Arlequin » Pablo Picasso, 1971 (source: Interpol)

Kunsthal Express

Les caméras de sécurité montrent deux individus entrer dans le musée à 3h22 et en ressortir…96 secondes plus tard. Un cambriolage express, sans aucun doute le plus important de ces dix dernières années, subtilisant en un éclair sept tableaux signés des maitres Pablo Picasso, Henri Matisse, Paul Gauguin, Claude Monet, Lucian Freud et Meyer de Haan.

Une rapidité déconcertante…

 

La piste roumaine

Après cinq mois d’enquête, les policiers néerlandais parviennent au mois de mars 2013 jusqu’à un appartement de Rotterdam où les tableaux auraient séjourné dans les heures et/ou jours suivants le larcin. Son occupante, une jeune femme de nationalité roumaine ne dévoilera rien au sujet des toiles mais permettra aux investigateurs de remonter la piste jusqu’aux auteurs du méfait, tous basés en Roumanie.

Agé de vingt neuf ans, Radu Dogaru est l’auteur principal de ce summum de la cambriole. Avec cinq complices, il comparaissait le 26 novembre dernier à la barre du tribunal de Bucarest qui le condamna à six ans et huit mois d’emprisonnement pour des faits au préalable reconnus.

  

« Woman with eyes closed » Lucian Freud, 2002 (source: Interpol)
« Woman with eyes closed » Lucian Freud, 2002 (source: Interpol)

 

Une négligence muséale

Pour sa défense, l’avocat de M. Dogaru n’a pas hésité à charger le système de sécurité du Kunsthal, menaçant de poursuivre l’institution en justice pour non respect de la législation néerlandaise sur les mesures de sécurité applicables dans les musées.

Si ce genre d’argument n’est pas de nature à exonérer la responsabilité de son client, il mit clairement la pression sur la victime du vol. En effet, aucun des tableaux dérobés n’étaient doté d’une alarme, ce qui positionna le musée dans un grand embarras car de telles allégations de négligence pourraient avoir des conséquences en matière d’indemnisation de la part de la compagnie d’assurance.

  

« La liseuse en blanc et jaune » Henri Matisse, 1919 (source: Interpol)
« La liseuse en blanc et jaune » Henri Matisse, 1919 (source: Interpol)

Les toiles en fumée

Si les coupables on été condamnés, le sort réservé à leur butin, estimé à plus de dix huit millions d’euros, reste totalement inconnu.

Avant de mettre la main sur le fils, les policiers roumains avaient interrogé la mère, Olga Dogaru dont les propos ne rassurèrent guère quant au sort des œuvres. Dans un premier temps, la maman protectrice avoua les avoir brûlés dans son poêle à bois pour faire disparaître les preuves. Elle se rétracta ensuite lorsqu’elle comprit que cet acte pourrait lui attirer de graves ennuis.

Saisies par la justice roumaine, les cendres de l’âtre d’Olga ont cependant parlé. Chargé de les examiner, Ernest Oberlanger-Tarnoveanu, le directeur du musée national d’histoire de la Roumanie est catégorique sur la présence de résidus d’au moins trois tableaux dans les restes carbonisés. Bien qu’il n’ait pas pu confirmer s’il s’agissait bien des toiles en question, la présence de pigments utilisés au XXe siècle ne laisse que peu d’espoir de revoir un jour les sept peintures subtilisées aux Pays-Bas.

 

La première version de la mère parait de plus en plus vraisemblable, mais il reste toutefois à déterminer si tous les tableaux ont été ainsi détruits, ou si certains ont réchappés à l’épreuve du feu. Ces questions feront l’objet d’un nouveau procès au cours duquel Mme Dogaru devra répondre de ces actes. 

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Commentaires

A.B. Ladji Coulibaly
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Super billet express

Yanik
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Merci Aly! :-)