Patricyan, sculptrice d’imaginaires

Article : Patricyan, sculptrice d’imaginaires
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2 octobre 2014

Patricyan, sculptrice d’imaginaires

Grillage, aluminium, fil de fer… Patricyan modèle les matériaux pour composer sa sculpture lyrique et captivante. Rencontre et découverte d’une artiste à l’univers foisonnant, au sein duquel cohabitent des mondes divergents.   

Patricyan "Mue de vache" (courtoisie de l'artiste)
Patricyan « Mue de vache » (courtoisie de l’artiste)

J’ai approché l’univers de Patricyan lors de la neuvième édition de Mont de Marsan Sculptures. Au fil du parcours, je pénétrais dans un musée d’histoire naturelle au sein duquel l’artiste investissait tout un étage. Dans un environnement difficile, ses créations animales et autres curiosités dynamisaient les bêtes taxidermisées et composaient une atmosphère fascinante.

Un an plus tard, j’ai l’occasion de rencontrer la personne à l’origine de cet intrigant travail.  Pour arriver chez elle, il faut remonter l’Adour jusqu’au village basque de Guiche, puis gravir une colline au sommet de laquelle un splendide panorama sur la campagne environnante s’offre au visiteur. Devant une bâtisse du quatorzième siècle, Patricyan m’accueille, enjouée, et m’accompagne dans son atelier qui faisait jadis office d’étable.  

Moins désireuse de parler d’elle que de son œuvre, nous parcourons ses productions à la lumière de ses principales sources d’inspiration. Parmi celles-ci, elle évoque la danse dont elle est passionnée depuis l’enfance. Comme pour la sculpture, le souci primordial dans cet art gestuel est l’occupation de l’espace. Le questionnement permanent du rapport à l’environnement et aux volumes, omniprésent dans les deux disciplines, est au cœur de ses préoccupations.

Patricyan "Habitacle libre" 110x55cm (courtoisie de l'artiste)
Patricyan « Habitacle libre » 110x55cm (courtoisie de l’artiste)

 

Pour autant, il ne s’agit pas de dessiner des courbes dans le seul souci de l’esthétisme. Tout ce qu’elle conçoit se doit d’avoir un sens, un lien avec la réalité. Et la réalité première de notre monde c’est d’abord la nature. C’est en elle que la petite fille a grandi, et que la femme vit aujourd’hui. Les hommages rendus à la terre mère infusent l’œuvre de Patricyan.

Derrière les verres de ses lunettes rouges, l’œil pétillant n’est pas avare d’enthousiasme et bondit de création en création pour mieux tisser une toile invisible qui relie entre elles les productions d’une artiste en perpétuel renouvellement. Dans la série « Le bestiaire » (2008-10), elle réinterprète la sculpture animalière en imaginant des mues dont les corps se seraient échappés. Elle met en volume une histoire, racontée avec du métal, du tissu, des broderies, et divers matériaux qui forment de chatoyantes compositions poétiques,  une ode aux figures représentées tout autant qu’une invitation à stimuler l’imagination du regardeur. 

Patricyan 'Mue de cheval" (courtoisie de l'artiste)
Patricyan « Mue de cheval » (courtoisie de l’artiste)

 

Un autre thème récurrent dans l’univers de la basco-landaise est celui de la foi. Celle qui cite Jérôme Bosch, Marc Chagall mais aussi les surréalistes parmi ses influences, fut bercée par une éducation religieuse. Mais au-delà du culte chrétien, l’artiste se passionne pour toutes les formes de croyances. Religion, mythologie,  contes populaires, la prolifique les passe au moulinet de son esprit pour générer de précieuses madones, des talismans provocateurs ou d’émouvants emmaillotages affublés d’ornements à caractère rituel.    

Sans cesse en éveil et ouverte sur le monde, la sculptrice semble posséder de multiples antennes invisibles, à même de capter au vol un mot, un son, une image, une idée qui servira de matériau incorporel dans son atelier. Dans ce lieu où elle passe la majorité de son temps, Patricyan prépare une nouvelle série qui sera dévoilée lors d’une exposition en décembre à la Minoterie de Nay. En attendant, celle dont les œuvres ont voyagé jusqu’en Belgique, Italie, Lituanie, Mexique, Canada et Colombie, montrera une partie de son travail dès le mois prochain dans le cadre d’une exposition collective dans la Crypte Sainte Eugénie à Biarritz (du 25/10 au 16/11/14). L’occasion pour vous d’effectuer un premier pas dans un univers enveloppant et envoûtant.

Patricyan "Déesse rouge" 70cm (courtoise de l'artiste)
Patricyan « Déesse rouge » 70cm (courtoise de l’artiste)

 

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