La réalité landaise dans le creuset de l’art contemporain

Article : La réalité landaise dans le creuset de l’art contemporain
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30 octobre 2012

La réalité landaise dans le creuset de l’art contemporain

 

En résidence pendant une dizaine de jours au centre d’art contemporain Raymond Farbos, quatre artistes ont chacun laissé au musée une œuvre inspirée de leur séjour montois, autant de perceptions différentes de la réalité, visibles jusqu’au 3 novembre.

 

Les oreilles baladeuses de Robert Lippok

La première d’entre elles est une installation sonore conçue et réalisée par un « sound-artist » allemand. Reposant sur quatre tréteaux, une longue structure de bois jaune formant deux  losanges, accueille sur ses extrémités sept hauts parleurs. De ces petites enceintes, se dégagent les sons de huit pistes au sein desquelles des parties musicales se mêlent à des conversations, à des bruitages citadins ou encore à des chants d’oiseaux. Résultat d’une déambulation de vingt quatre heures dans la préfecture landaise, le travail du berlinois laisse le spectateur perplexe mais intrigue l’auditeur à travers des captations dont le rythme et le montage interroge sur l’environnement sonore. Artiste nomade, Lippok aime cependant laisser des traces de son passage, et délivre ici un intéressante empreinte acoustique de la ville arpentée.

 

 

La vision nostalgique de Dominique Salmon

Vient ensuite une œuvre composée par un jeune quadragénaire aquitain, articulée en deux espaces. Sur le côté gauche, une acrylique sur toile de 100x120cm réalisée avec un seul ton de couleur : le gris. La partie droite est occupée par une série d’impressions numériques représentant trente maisons, sur les mêmes teintes que la peinture jouxtée.

Maître du gris, le plasticien bordelais évoque les lignes, les formes, les ombres en utilisant une seule et unique couleur, exploitant l’infini richesse des nuances. Toutes ces maisons trouvées sur Internet grâce au célèbre moteur de recherche, sont des villas montoises en vente et deviennent toutes similaires avec ce procédé de création, reflet de l’uniformisation de notre société. Déshumanisées, les habitations seraient-elles à l’image du monde dans lesquelles elles sont plantées ; grises et vides de tout supplément d’âme ? C’est ce que semble dénoncer cette œuvre nostalgique.

 

Le virtuel touché du doigt par Catherine Arbassette

Membre de la Fabrique POLA, tout comme Dominique Salmon, Catherine Arbassette livre ici la moins landaise des œuvres présentées. La frontière entre le réel le virtuel est au cœur d’une réflexion qui tant dans sa plastique que dans le thème abordé pourrait s’adapter dans n’importe quel pays occidental.

La pièce principale est un triptyque de toile (240x120cm) travaillé en acrylique et encre, encadré par un texte et une installation d’éléments physiques figurés sur le tableau. Intitulée « la fin du monde 1 », on retrouve sur la partie picturale une ville dévastée et noircie par la destruction massive dans laquelle évolue un personnage en couleur, emmitouflé sous une combinaison intégrale et un masque à gaz. Malgré un univers totalement désintégré, le protagoniste manipule tranquillement des jouets positionnés à l’intérieur d’une maison de poupée.

Totalement déconnecté de la réalité environnante, le personnage et son attirail sont une métaphore de la bulle dans laquelle évoluent les individus, un subterfuge pour éviter de voir le monde tel qu’il est, et se complaire dans le virtuel avec les outils à disposition.

L’odeur des ambiances recrées par Natacha Sansoz

Locale de l’étape, l’artiste installée à Roquefort (dans la Haute Landes) a conçue un intérieur dans lequel on imagine une personne âgée évoluant au milieu d’un décor immuable. Réflexion subtile, les pistes sont sans cesse brouillées par des indices traînant par endroits. Le mobilier est ancien et de facture modeste mais sur la table basse trône un ordinateur portable dont l’écran affiche le portrait de Jean-Pierre Pernaut pixélisé.

Ca sent le vieux, le renfermé, l’austérité et la solitude dans cet amalgame d’humour et de mélancolie, tendre interrogation sur le bouleversement des repères dans nos campagnes.

 

Ancrés dans la réalité, ces quatre contemporains ont une démarche quasi militante destinée à éveiller les sens et les consciences, servie par une plastique et un univers bien propres à leur sensibilité.

 

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