Yanik

Art in house ; l’immobilier sous les bombes

A Anglet, une villa des années 1950 vit ses derniers jours sous le signe du street art. Investie par une trentaine d’artistes, la maison se voit offrir, avant sa disparition, une sortie sous les feux de la rampe. Un succès artistico-médiatico-populaire baptisé « Art in house ».

Hopare sur un des murs du rdc (photo de l'auteur)
Hopare sur l’un des murs du rdc (photo de l’auteur)

Inaugurées en France par la galerie Itinerrance avec son projet Tour 13, les résidences artistiques avant démolition d’immeubles se multiplient sur le territoire. Au Pays Basque, l’événement marquant de 2014 était la « Résidence avant destruction », dernier hommage au Carré Bonnat de Bayonne. Pour 2015, nul doute que « Art in House » restera dans les annales.

Organisée de mains de maîtres par le promoteur acquéreur du bien, l’opération lui aura valu des retombées médiatiques sans précédent. Jamais on a autant entendu parler de la société Rey Promotion. Et ce n’est pas le millier de personnes déjà venues voir le résultat qui diront le contraire. Armés de patience et de motivation durant l’heure d’attente sous la pluie, les visiteurs sortaient néanmoins de la propriété le sourire aux lèvres.

Une adaptation de Shining par Flow (photo de l'auteur)
Une adaptation de Shining par Flow (photo de l’auteur)

C’est que si l’opération est un succès du point de vue médiatique, elle l’est aussi et surtout sur le plan artistique. Conviés à la fête, les trente et un artistes d’origines diverses se sont exprimés dans des registres différents, parfois dans l’esprit de la rue, parfois très loin de ses codes.

Accueilli par les personnages colorés de Koléo, le public débouche sur une remarquable scène de crime orchestrée par Flow, dont la l’installation sanguinaire est immobilisée sous les yeux de Jack Nicholson peint sur un mur du salon. La visite se poursuit par l’univers rayonnant de Little Madi, par une station de métro new-yorkaise signée Zee, par la technicité de Théo Lopez, par la magie des installations de Lapinthur

Donnez un Posca à Litlle Madi... (photo de l'auteur)
Donnez un Posca à Litlle Madi… (photo de l’auteur)

A l’extérieur aussi les surprises sont nombreuses et les détails foisonnants. Que de monde autour de la piscine ou se prélasse la créature de Fenx !

Vous l’aurez compris, chaque pièce, chaque espace, chaque coin (même les petits) sont recouverts par l’imagination des créateurs. Impossible de faire le récit complet de toutes les œuvres figurant dans, sur et autour de la maison. Alors, pour le week-end prochain, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Quoi : Art in house

Où : 103 avenue de l’Adour, Anglet

Quand : les 21-22/03 et les 28-29/03 de 13h à 19h.

Combien : gratuit

Vue de derrière (photo de l'auteur)
Vue de derrière (photo de l’auteur)
Quand Fenx repeuple la piscine (photo de l'auteur)
Quand Fenx repeuple la piscine (photo de l’auteur)


Vidi, legi, amavi #5

Comme tous les vendredis, je vous livre dans cette chronique mes coups de cœur de la semaine. Au menu de cette fournée ; un animal littéraire, une question migratoire et un génie du hip-hop. Bon week-end à tous !

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Livre : Alain Mabanckou « Mémoire d’un porc-épic »

Aux amateurs de mots, on ne présente plus Alain Mabanckou. Fer de lance de la littérature africaine francophone, le Congolais de Pointe-Noire reçu en 2012 les honneurs de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Si je le connaissais de nom et de réputation, son roman phare publié en 2006 n’est tombé dans mes mains que ce mois-ci. Pour mon plus grand bonheur.

Sous une plume limpide, débarrassée d’impératifs de syntaxes, le lecteur suit avec délectation les confessions d’un porc-épic décrivant de façon unique l’univers villageois qu’il côtoie. Légendes africaines, croyances religieuses, le petit animal scrute les méandres du caractère humain, et passe à l’épreuve de ses épines râpeuses les travers de nos congénères. Style atypique et narration originale sont parmi les ingrédients qui ont contribué au succès de ce roman couronné par le prix Renaudot à sa sortie.

L'auteur et son oeuvre.
L’auteur et son oeuvre.

Musique : Kendrick Lamar « To pimp a butterfly »

Je ne fais pas dans l’originalité en recommandant cet album déjà largement encensé par la critique. Avec ce nouvel opus, l’artiste de Compton (L.A) s’impose définitivement comme l’un des meilleurs rappeurs de sa génération. Largement croisé avec d’autres genres de musiques afro-américaines, les seize titres nous régalent d’un hip-hop funky soul duquel ressort sans équivoque le génie de son auteur.

Presse : Immigré ou Expatrié ?

Une fois n ‘est pas coutume l’article dont je vous parle ici est rédigé en anglais. Paru sur le site de The Guardian vendredi dernier, la question posée par son auteur soulève une nuance de vocabulaire commune à tous les pays occidentaux. Connaissez-vous la différence entre un immigré et un expatrié ? Une simple question de point de vue démontrée de façon implacable par le rédacteur en chef activiste de SiliconAfrica.com. A lire en suivant ce lien.


Vidi, legi, amavi #4

Comme tous les vendredis, je vous livre dans cette chronique mes coups de cœur de la semaine. Pour cette quatrième édition, le menu est court mais de grande qualité. Bon week-end !

Un gang dans l'Angleterre prolétaire du début du XXème siècle: les Peaky Blinders
Un gang dans l’Angleterre prolétaire du début du XXème siècle: les Peaky Blinders

Musique : Blick Bassy

Prévu pour le mois d’avril, le troisième album du camerounais Blick Bassy se dévoile à travers trois titres en avant-première sur Sound Cloud. Derrière le doux grain mélancolique de la voix de l’artiste coulent des rythmes afro-américains, berçant l’auditeur sur des flots quelques part entre l’Afrique de l’ouest et les rives du Mississippi.

Série : Peaky Blinders

La nouvelle série du jeudi soir a commencé hier sur Arte. Dans un quartier poisseux du Birmingham d’après première guerre mondiale, le gang des Peaky Blinders, prospère dans la contrebande, les paris et toute sorte d’activités crapuleuses. Comme souvent, le pilote est un peu lent, le temps de planter le décor et les personnages du feuilleton. Mais dés le deuxième épisode, les choses s’accélèrent et l’on s’impatiente de retrouver ces gangsters jeudi prochain. En attendant voici le trailer de la série pour vous mettre l’eau à la bouche :

Et comme je suis sympa, voici le lien pour voir en replay les deux premiers épisodes diffusés sur Arte le 12/03/2015.


Vidi, legi, amavi #3

 

Comme tous les vendredis, je vous livre dans cette chronique mes coups de cœur de la semaine. Au menu de cette fournée : une réflexion sur une problématique de société, des invitations (sonores et écrites) au voyage, des installations artistiques d’un nouveau genre et une régalade de mon pays. Bonne dégustation !

Musique : MNDSGN

L’artiste californien dont le nom signifie Mind Design, est un architecte musical, bâtisseur d’envolées électroniques léchées et lyriques. Son dernier album « Yawn zen » est une ode au prélassage et à la rêverie. Idéal pour chiller par un dimanche ensoleillé.

Exposition : Patricyan à Biarritz

En septembre dernier, je rencontrais cette artiste attachante et vous faisais découvrir son univers unique. Reprenant ses thèmes de prédilection (identité féminine, enveloppe des corps…), Patricyan délaisse cette fois ses matériaux d’acier pour mettre en scène ses personnages dans des installations miniatures captivantes.

Il ne vous reste que trois jours pour vous laisser aspirer par une série de créations foisonnantes, présentée par la galerie Get Arty au restaurant Philippe à Biarritz.

Patricyan, La métamorphose de Io (crédit: Get Arty)
Patricyan, La métamorphose de Io (crédit: Get Arty)

Revue : Bouts du monde

Disponible en librairie, cette revue trimestrielle en est déjà à sa 21ème parution. Depuis 2010, elle publie des récits issus d’expériences aux quatre coins du globe. Ici, la star n’est pas l’image mais le texte, souvent issu de carnets de voyages. L’important est bel et bien le vécu, le ressenti, l’émotion retranscrite, à même d’agiter notre imaginaire. Parcourant le numéro 20, je suis tombé sous le charme d’écrits ayant pour décor le Viet Nam, le Lesotho ou le Kazakhstan. Autant de pages propices à l’évasion, une invitation à parcourir d’autres routes.

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Gourmandise : Basquella

Bien que l’on connaissent tous les méfaits du Nutella, il reste notre compagnon fidèle pour les chaleureux goûters d’hiver. Car, il faut bien l’avouer, c’est tellement bon !

Cela va peut-être changer avec une concurrente qui, en plus d’être basque, a le grand mérite ne pas inclure d’huile de palme dans sa composition.

Plus crémeuse et moins compacte que la célèbre pâte transalpine, l’outsider concocté par l’entreprise Miguelgorry, fond finement en bouche avec un goût finalement peu éloigné du produit Ferrero.

Disponible en supermarché pour environ trois euros, cette excellente alternative ne demande qu’à accompagner vos prochaines crêpes, gaufres ou autres gourmandises.

Basquella (Copier)

Radio / Société : Les mamans voilées

Ce lundi, branché sur France Culture, j’ai entendu le témoignage de mères voilées, privées de participer à certaines activités scolaires. Leurs paroles sincères, frustrées de femmes investies dans la vie des écoles, étaient relayées par le micro de l’émission « Les pieds sur terre ». Ce document radiophonique offre un déroulé passionnant avec un final surprenant. A écouter jusqu’au bout absolument.


Vidi, legi, amavi #2

 

C’est désormais le vendredi que j’ai décidé de positionner cette nouvelle rubrique initiée en début de semaine.

Au menu de ce deuxième opus : une exposition engagée, de la mythologie chinoise animée, une comédie douce amère, de la pop entraînante et de la musique classique. Bon week-end !

Musique : Shamir

A seulement 20 ans, le talent de ce gosse qui en paraît 15 est indécent. Le kid de Las Vegas touche à tout et élabore une musique au croisement des genres ; pop, électro, rap, dance…

Sa voix androgyne et ses rythmes enjoués constituent une base idéale pour démarrer le week-end avec le sourire 🙂

Cinéma : Birdman

Majestueux come-back de Michael Keaton, dans la peau d’un personnage qui tente d’effectuer son retour sur les planches de Broadway, en tant qu’acteur et metteur en scène, vingt ans après avoir interprété au cinéma le super héros Birdman qui lui colle à la peau.

Parfait dans son interprétation de looser mégalo en quête de gloire, l’ex Batman est bien épaulé par un ingérable vaniteux, merveilleusement incarné par Edward Norton.

La rançon du succès et la quête de célébrité tourmente le néo réalisateur au point d’en perdre la raison. La pièce sera-t-elle un succès ? Je ne vais quand même pas vous racontez la fin…

Expo : Isaac Cordal à la galerie Space Junk

Le plasticien espagnol met en scène ses figurines au service d’un propos engagé à la faveur de la protection de l’environnement ou contre les méfaits de nos sociétés.

Actuellement visible à la galerie Space Junk de Bayonne, vous ne pouvez pas rater l’exposition « Moments de solitude », en place jusqu’au 04/04.

Isaac Cordal, Follow the leaders, résine de polyuréthane, béton, acrylique, débris, dimensions variables (photo de l'auteur)
Isaac Cordal, Follow the leaders, résine de polyuréthane, béton, acrylique, débris, dimensions variables (photo de l’auteur)

Cinéma Jeunesse : 108 rois démons

Vacances scolaires obligent, j’ai emmené mon fiston en salle obscure. Loin des blockusters américains habituellement de sortie lors de ces périodes, nous choisissons une production franco-belgo-luxembourgeoise dont le récit se déroule dans la Chine du XIIème siècle. Bonne pioche !

La différence est assurée et assumée. Derrière des personnages aux fins traits animés par ordinateurs, des magnifiques paysages et ciels de peinture défilent dans la plus pure ligne esthétique de l’art classique chinois. Ajoutez à cela l’introduction (sporadique) d’acteurs filmés et vous obtenez un objet totalement atypique.

L’histoire quant à elle, décrit le parcours initiatique d’un jeune prince parti à la reconquête de son trône sous la protection d’un moine aveugle et d’une bande de marginaux hors la loi. Quand la mythologie de l’Empire du milieu est si joliment orchestrée, le fiston apprécie et le papa aussi !

Musique Classique : Chilly Gonzalez

Le chef d’œuvre « Solo Piano II » de Chilly Gonzalez a définitivement placé le musicien canadien au firmament de ma discothèque. Et je ne suis pas le seul à voir l’engouement que ces futurs concerts à la Philharmonie de Paris provoquent.

En attendant de le voir sur scène…ou pas, je vous propose de découvrir les morceaux qu’il a livrés ces derniers jours sur son compte Sound Cloud.

https://soundcloud.com/chillygonzales/sets/chilly-gonzales-chambers


Isaac Cordal, moments de solitude

Elles sont nombreuses mais pourtant bien seules, les créatures conçues par Isaac Cordal. Mises en scènes au travers de plusieurs installations, elles attendent votre visite pour briser leur solitude, dans les murs de la galerie Space Junk à Bayonne, jusqu’au 04 avril 2015.

Isaac Cordal, The family, résine de polyuréthane, acrylique, béton, 180x75x115cm (photo de l'auteur)
Isaac Cordal, The family, résine de polyuréthane, acrylique, béton, 180x75x115cm (photo de l’auteur)

Fait suffisamment rare pour le souligner, le premier sens sollicité en pénétrant dans la galerie n’est pas la vue mais l’odorat. Ça sent le sapin, au sens du propre du terme. En effet, à droite de la porte d’entrée, les petits hommes sculptés par l’artiste espagnol surmontent des miradors au pied desquels des sapins coupés dorment pêle-mêle. Le propos est fort et l’on comprend vite que ces figurines se trouvent au service d’une action engagée.
Si la protection de l’environnement se place parmi les thèmes de prédilection du plasticien, on retrouve aussi au fil de la visite une œuvre narrative et critique de notre société. En costume gris et cravatés, les hommes courbent l’échine sous le poids d’un rouleau compresseur invisible. Tel le roseau, ils plient mais ne cèdent pas, farouchement accrochés à leur attaché case.

Isaac Cordal, Follow the leaders, résine de polyuréthane, béton, acrylique, débris, dimensions variables (photo de l'auteur)
Isaac Cordal, Follow the leaders, résine de polyuréthane, béton, acrylique, débris, dimensions variables (photo de l’auteur)

Dispersées aux quatre coins de l’espace d’exposition, ses miniatures fonctionnent parfois à l’unité, parfois en groupe pour représenter des métaphores de divers maux qui pèsent sur nos têtes. Des êtres seuls dans un monde connecté ou les relations n’ont jamais été aussi décousues, où tout le monde adoptent la politique de l’autruche face au enjeux majeurs pourtant connus de tous. Quand je vous dis que ça sent le sapin…


Vidi, legi, amavi #1

 

Initiée aujourd’hui, cette nouvelle rubrique « Vidi, legi, amavi » (j’ai vu, j’ai lu , j’ai aimé) apparaîtra de façon hebdomadaire sur ce blog.

De toutes mes sorties, lectures et expériences, je ne retiens que l’essentiel de la semaine écoulée afin de partager avec vous mes coups de cœur.

TheGoodLife#17

Cinéma : It follows, le film qui fait peur avec style

Les films d’horreur ne sont pas vraiment mes favoris. Tout simplement parce que dans ce genre cinématographique, rares sont les œuvres de qualité. Je me laissai néanmoins convaincre par une critique positive et filai à l’Autre Cinéma pour ne pas rater une des dernières projections du long métrage sorti le 04/02/15.

Dès les premières minutes, immergé dans les années 1980, le spectateur se laisse happer dans un suspense rondement accompagné par une bande-son rétro-futuriste au rôle prépondérant. Quant à la mise en scène, elle affiche un parti pris esthétique exigeant et chaque plan est le résultat d’un souci plastique évident.

Vous comprendrez donc que tous les ingrédients sont réunis pour transformer une histoire somme toute assez banale, en œuvre qui fera date dans un genre qui n’avait pas offert une telle pépite depuis fort longtemps.

https://www.youtube.com/watch?v=vq2thl5KLTU

Musique : Benjamin Clementine

Repéré dans le métro parisien ce britannique de 25 ans a livré le mois dernier son premier album. Une œuvre toute en émotion dans laquelle le minimalisme est sublimé par l’incroyable voix du pianiste d’origine ghanéenne.

En tournée un peu partout en France, on pourra notamment se laisser chavirer par son charisme du coté de Toulouse (le 12/03 au Bikini) ou de Bordeaux (le 13/03 au Krakatoa).

Presse : The Good Life #17

Déjà le 17ème numéro pour ce titre dont je ne me lasse pas. Bimestriel masculin au format mook (contraction de magazine et book), ses 324 pages affichent un ton résolument optimiste, faisant de sa lecture une réelle parenthèse de positivisme.

Bien sur, la publicité y est omniprésente et certains articles sentent un peu trop le publi-reportage, mais cela est compensé par des reportages de fond sur les problématiques mondiales actuelles, ainsi que par un prix appréciable de six euros.

Au menu de cette nouvelle édition : Mexico, le dessalement de l’eau de mer, le design belge, Art Paris Art Fair…

 


Nigeria ou la trilogie des liquides

Terre de contrastes, le Nigeria abrite en son sein des faces bien distinctes. Champion économique en proie à de graves problèmes sécuritaires, sa situation actuelle peut s’analyser par un détonant trio de liquides ; pétrole, champagne et hémoglobine.

champagne

Au pays de l’or noir

On l’a souvent lu : le plus grand malheur de l’Afrique, c’est sa richesse. Le Nigeria ne fait pas exception à cette maxime puisqu’il est plutôt gâté par la nature en termes de ressources énergétiques. Classée parmi les douze plus gros producteurs mondiaux de pétrole, l’ancienne colonie britannique occupe la première place du continent dans ce domaine.

L’abondance de cette richesse se traduit dans les performances économiques du géant d’Afrique de l’Ouest. Première économie du continent, le pays affiche une croissance moyenne de 7 % sur la période de 2008 à 2013. Pour autant, les retombées ne sont pas perçues par tout le monde et 91 % de la population vit avec moins de 2$/jour.

Dans l’Etat fédéral, l’inégalité est également forte entre les Etats fédérés. Si celui de Lagos (capitale économique) affiche un PIB égal au triple du PIB du Sénégal, la majorité des 36 Etats sont loin des canons occidentaux parfois présentés à Lagos, Ibadan ou Abuja.

La principale raison de ces déséquilibres réside dans un seul facteur : la corruption. En la matière, les élites locales du pays sont championnes, avec la complicité de diverses multinationales qui usent et abusent de cette faiblesse.

Barils et caisses de champagne

Pour sceller les accords entre corrupteurs et corrompus, il faut bien un breuvage à la hauteur des sommes détournées. Et pour le nectar à bulles, le gratin nigérian ne lésine pas et classe le pays au deuxième rang de la consommation mondiale de champagne !

Dans les clubs houses privés ou les adresses chics de Victoria Island, la boisson champenoise est absorbée sans modération pour enfermer un peu plus leurs consommateurs dans une tour d’ivoire à des années-lumière de la réalité du quotidien.

Le futur quartier Eko Atlantic à Lagos, symbole du dynanisme économique de la mégapole
Le futur quartier Eko Atlantic à Lagos, symbole du dynamisme économique de la mégapole

La concubine de l’hémoglobine

C’est qu’il faut une sacrée dose d’ivresse pour oublier ce qui se passe loin des lieux de pouvoir. Bientôt six ans que Boko Haram sévit principalement dans l’Etat de Borno. Plus de 13 000 morts à ce jour.

Officiellement, le pouvoir central se donne bonne conscience, allouant de forts budgets à la lutte contre le terrorisme, en sachant pertinemment que ces sommes ne serviront jamais à combattre les hordes sanguinaires. L’ONG Global Financial Integrity, a pointé du doigt les fuites illégales de capitaux qui pour ce pays approchent la centaine de milliards de dollars depuis les années 1970.

Comptes bien garnis et bulles plein la tête sont certainement des ingrédients efficaces pour provoquer l’amnésie de la classe dirigeante, et cela jusqu’au président du pays. Au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo, Goodluck Jonathan adressait ses plus sincères condoléances au chef de l’Etat français sans même oser tourner les yeux vers la ville de Baga où venait de se perpétrer un massacre hors de commun.

Cela explique la circonspection de ses homologues africains, ainsi que la retenue des diplomaties occidentales. Pourquoi se mêler d’une affaire interne quasiment ignorée par le président Jonathan ?

Malgré les déclarations de principes du dernier sommet de l’Union africaine sur la question, la mise en place d’une force armée capable de faire front à Boko Haram paraît loin d’être aboutie. Loin des populations locales victimes, on continuera à faire l’autruche en plongeant la tête dans des seaux à champagne. Ne manque plus que de l’eau pour s’en laver les mains.

 


Super Bowl : Top 5 des publicités

Finale du championnat de football américain, le Super Bowl qui se déroulait dans la nuit de dimanche à lundi est bien plus qu’une rencontre sportive. Événement de tous les superlatifs, cette grand-messe médiatique réunit toute la famille devant l’écran, et pour l’occasion les publicitaires ne manquent pas d’imagination pour concevoir des spots presque aussi attendus que le score final.

Super-Bowl-49

Pour vous offrir un aperçu de ce qui a été vu, je vous ai sélectionné cinq publicités parmi les dizaines qui ont été diffusées avant, pendant et après le match.

N°5 – Mtn Dew Kickstart, la plus énergisante

Une gorgée de cette boisson revitalise un trio de jeunes hommes avachis devant un jeu vidéo et transforme le salon en dancefloor!

https://www.youtube.com/watch?v=mjwUVZHBcoY

N°4 – Always, la plus égalitaire

Que ce soit pour les races, le sexe ou la religion, un enfant ne voit pas les différences, la preuve une fois de plus.

 

N°3 – Toyota, la plus motivante

Un spot sur le dépassement des limites accompagné par la voix du légendaire Mohamed Ali. Galvanisant.

https://www.youtube.com/watch?v=PjUfygo5mzw

 

N°2 – Doritos, la plus drôle

Un gag digne d’une comédie hollywoodienne.

https://www.youtube.com/watch?v=QkGdTTw99aE

 

N°1 – Loctite, la plus décalée

Un casting de choix et une chorégraphie à tomber pour ce spot qui remporte sans hésitation mon premier choix.

https://www.youtube.com/watch?v=JaK85bFQwSM

 


Je suis Charlie : après l’émotion, les questions

Nous avons vécu une semaine historique. Des jours qui resteront gravés à jamais dans les mémoires de tous nos contemporains. Après avoir été la cible de plusieurs attaques terroristes quasi simultanées, la France a réagi de la plus belle des manières. Pourtant, derrière ces torrents de bons sentiments et après ces heures passées sous le signe du « tout le monde il est beau, tout le monde il est Charlie », de nombreuses questions restent en suspens.

Il me semblait important de bien les lister, car se poser les bonnes questions, c’est se donner une chance de trouver les bonnes réponses.

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Comment améliorer le traitement médiatique des catastrophes ?

Mon premier sentiment du mercredi passé fut la tristesse. Comme presque tous les jours serais-je tenté de dire. Car il faut bien l’avouer notre quotidien est bercé par les attaques terroristes. Chaque matin devant mon petit déjeuner, j’entends de macabres décomptes en Syrie, en Irak, au Pakistan… Ceux-ci ne durent guère plus de dix secondes à l’antenne alors que l’attentat de Charlie Hebdo monopolise l’attention médiatique depuis près d’une semaine.

C’est bien connu, l’empathie ne fonctionne qu’avec ses semblables. Trois morts lors d’un marathon bostonien font plus de bruit que des milliers de victimes au Nigeria. Du cynisme de la hiérarchisation des victimes…

Il ne faut pas le nier, les vies n’ont pas toutes la même valeur dans le traitement journalistique. Alors il est bien beau de manifester pour les valeurs de la France, mais l’égalité de notre devise nationale est ici sérieusement écornée par ce constat aussi affligeant qu’imparable.

Combien de temps les musulmans devront-ils s’excuser?

A tous les musulmans, amis ou inconnus, je leur dis sans crainte : vous n’avez pas à vous justifier, encore moins à vous excuser des actes commis par ces monstres. Dire que vous condamnez ces atrocités « en tant que musulman » est de trop, car en tant qu’êtres humains nous sommes tous choqués par cette ignominie.

Quel suivi pour les condamnés dans des affaires de terrorisme ?

Qu’il s’agisse des frères assassins de Charlie Hebdo, du preneur d’otages du supermarché casher, mais aussi du meurtrier toulousain de l’école juive, tous étaient connus des services de police et suivis par les renseignements généraux. Alors que fait la police ?

Elle fait ce qu’elle peut certainement, mais à catégorie de crimes exceptionnelle (le terrorisme), mesure de justice exceptionnelle. Il serait temps de mettre en place des systèmes de contrôle post-carcéral contraignants pour des individus dont on n’ignore pas qu’ils constituent une menace pour l’ensemble de la société.

Quel rôle pour nos prisons ?

Tous étaient connus des services de police et tous étaient passés par la case prison. La prison pour punir c’est bien, quand elle peut recadrer et rééduquer s’est encore mieux. Les geôles françaises sont loin de cet objectif. Il est évident qu’au lieu de casser les ailes aux délinquants et aux criminels de tous poils, elle est devenue un catalyseur de réseaux.

Dans ces zones de non-droit, des prisonniers se moquent des règles et de la loi en se prenant en photo avec des liasses de billets, des substances illicites… Pire encore, des prisonniers entrés pour des faits de droit commun se retrouvent sous la coupe de fanatiques « religieux » qui voient en ces brebis égarées des cibles idéales pour leur litanie mortifère. Des mesures d’isolement strictes pour ce genre d’individus éviteraient qu’ils ne contaminent des personnes déjà suffisamment violentes.

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Pourquoi le modèle républicain n’est-il plus efficace ?

Les attaques sont perpétrées par des Français, nés sur le territoire hexagonal, élevés sur les bancs de l’école républicaine. Comment les enfants d’une nation peuvent-ils ainsi se retourner contre elle avec une telle haine ?

La mauvaise réponse apportée par des raisonnements simplistes consiste à pointer les origines des personnes en démontrant que l’intégration des populations (de culture musulmane) n’est pas possible dans nos pays européens. Cette approche est totalement fausse et ne tient pas compte de la réalité du problème. La vérité est que, parmi les embrigadés du terrorisme islamiste, nombre d’entre eux sont des convertis, ils portent les prénoms tels que Nicolas, Jean-Daniel, Raphaël, Émilie, Maxime, Flavien

Les thèses xénophobes tombent à l’eau et c’est bien plus compliqué, car il faut trouver les causes beaucoup plus profondes et plus sérieuses. La perte de repères en fait partie. Nous vivons dans un monde où les grands hommes politiques ne sont pas légion, l’avenir est incertain et beaucoup de jeunes ont (trop tôt) perdu espoir. Certains cherchent alors des causes pour donner un sens à leur vie. Et c’est ainsi que des paumés du monde entier sont ralliés par d’habiles parleurs auprès de qui ils se sentent importants, eux, les délaissés de la société.

Doit-on divulguer le nom des terroristes ?

Andy Warhol l’avait prédit, chacun aura son quart d’heure de célébrité. Je reste convaincu ql’autre se faisait filmer en trainue ces individus en quête de gloire sont aussi à la recherche de la lumière médiatique. On a tous en tête les images d’eux (avant leur célébrité) se mettant en scène devant une caméra ou un objectif. L’un fait l’objet d’un article dans Le Parisien,  de frimer dans sa voiture, enfin un autre rêvait de gloire derrière un micro.

Aux États-Unis les violentes pulsions de jeunes marginaux s’expriment dans de spectaculaires fusillades de lycées ou le but de l’auteur est double : faire un maximum de victimes et être à la une des journaux. En France, ceux-ci se tournent vers des sectes terroristes avec des objectifs finalement pas si éloignés. La célébrité à tout prix.

Voilà pourquoi je déplore que l’on divulgue le nom des ces personnes et j’ai veillé à ne pas les citer dans ce billet. Penser qu’ils deviennent des sortes de modèles ou de références pour d’apprentis fanatiques m’impose cette réserve. Ne devrait-on pas l’ériger comme une règle ?

Faut-il pactiser avec les financiers du terrorisme ?

Si une fraction des revenus provient de trafics en tout genre (stupéfiants, armes, humains), une partie des financements proviendrait d’Etats devant lesquels nos dirigeants déroulent le tapis rouge. En pôle position on retrouve l’Arabie saoudite et le Qatar dont les liens avec plusieurs organisations terroristes seraient établis. En dépit de cela, nous ouvrons grand nos portes aux capitaux de ces pays dont les pétro et gazeo-dollars ont tendance à rendre aveugle nos gouvernants. Pactiser avec le diable a un prix, et la facture s’avère salée.

banderole Bastia

Quelles sont les valeurs de la France ?

Lorsque les gens défilaient hier, ils mettaient en avant les valeurs de la république. Mais quelles sont-elles au juste ? Chacun ne voit-il pas midi à sa porte en la matière ?

Tout d’abord il s’agissait de défendre la liberté d’expression. Le manifestant sait-il que la France est loin d’être une championne dans ce domaine ? Selon le classement annuel établi par Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, la France se place en 39e position entre Le Salvador et Samoa, bien loin du Ghana (27e), de la Jamaïque (17e) et de la Finlande (1ère). Alors, pour résumer, on descend dans la rue pour défendre un droit que l’on croit intangible mais qui en réalité est bafoué depuis fort longtemps dans notre douce France. Combien de médias sont réellement indépendants et libres de dire ce qu’ils veulent ? Les Charlie Hebdo, Mediapart et autre Monde diplomatique ne sont pas la règle, ils sont des exceptions.

Et que dire de longue liste des états représentés aux côtés de François Hollande. Quel bonheur d’y voir des pays comme la Russie, Israël ou encore le Tchad pour ne citer qu’eux…tous d’ardents défenseurs des libertés fondamentales! 

Voilà pour la liberté. Pour l’égalité, outre ce que j’écrivais quant à la différence de traitement médiatique selon les victimes, j’ajouterais un deux autres exemples qui me reste en travers de la gorge. En 2012, des enfants étaient froidement abattus devant le portail de leur école. Aucune réaction populaire, peut-être parce qu’ils étaient juifs… En 2014, une ministre était comparée à un singe à cause de la couleur de sa peau. Aucune réaction de la société civile, peut-être parce qu’elle est noire…

Enfin pour la fraternité, nous avons vu de belles images d’accolades hier, sans distinction de races, de religions ou de nationalités. Le soir venu, un collectif se relayait pour porter des lettres qui formaient le mot SOLIDARITE. Quand je les ai vus, je me suis alors demandé combien de personnes dormiraient sous les ponts la nuit tombée. Car elle est peut-être ici la plus grande violence (silencieuse et meurtrière) ; des gens meurent dans la rue faute d’endroits où dormir dans la sixième puissance économique mondiale.

 

Ces millions de personnes rassemblées ont participé à un événement exceptionnel par son ampleur et par sa cohésion apparente. D’un moment tragique est née en quelques heures, passant de la psychose à l’euphorie générale, une ferveur extraordinaire, un espoir dont on ne sait s’il aura des répercussions à long terme dans les comportements et la conscience collective française? Réponse en 2017… et gare à la douche froide!

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