Yanik

Richard Mosse : le Congo version rose

Richard Mosse photographie les conflits de la planète et leurs conséquences comme personne. Sa série photo réalisée dans l’est du Congo en est un parfait exemple. Pour ce travail, les paysages du Nord Kivu sont réinterprétés en rose.

Quand l’art magnifie la tragédie

La beauté des clichés est frappante et ferait presque oublier qu’ils sont pris dans une zone de conflits. Différentes tonalités de rose se déversent sur les collines congolaises devenant ainsi féeriques. Même les soldats prennent une toute autre allure. Ils semblent inoffensifs entourés par la couleur symbole de l’amour.

Richard Mosse, adepte des procédés anciens

Cet effet esthétique est obtenu par Richard Mosse grâce à l’utilisation d’une pellicule Kodak des années 1940. Le plus ironique, c’est qu’il s’agit d’un film spécialement développé pour l’armée américaine pendant la seconde guerre mondiale. Il permettait aux militaires de repérer plus facilement l’ennemi dissimulé.

Ainsi détourné par le photographe irlandais, le film devient un original matériau de production artistique. Ainsi le photo-reportage de guerre se voit élever au rang de grand art exposé en galeries aux quatre coins du globe.


Pourquoi accepter la restitution d’œuvres d’art au Bénin?

Quand le Bénin demande la restitution d’œuvres d’art pillées pendant la colonisation, la réponse est négative. Rendre un trésor de guerre ? Pas question, répond la France. Pourtant, cette restitution est non seulement possible mais aussi et surtout souhaitable, tant pour le Bénin que pour la France.

Statue royale « homme requin » © Myrabella

Une restitution possible

Pour argumenter ce refus, le ministère des Affaires Étrangères s’appuie sur le droit. En effet, les biens et œuvres d’art du domaine public de l’état Français sont soumis au principe d’inaliénabilité. C’est-à-dire que ces biens ne peuvent être ni cédés, ni vendus ou saisis. Pourtant, des précédents existent dans l’histoire, en France et ailleurs dans le monde. Les revendications d’états sont multiples. Certes, la Grèce réclame en vain au Royaume-Uni la frise du Parthénon depuis plus de deux siècles. Le Nigeria a partiellement obtenu gain de cause pour la restitution de deux bronzes par la Grande-Bretagne. Quant à l’Ethiopie, elle a pu réinstaller en 2005 l’obélisque d’Axoum, emporté par Mussolini en 1937.

Obélisque d’Axoum revenu sur son lieu d’origine © UNESCO

De même, la France a déjà rendu des biens précieux à leurs pays d’origine. Notamment à la Nouvelle-Zélande à qui elle remettaient en 2012 une douzaine de têtes sacrées maories. La rétrocession de ces visages tatoués a pu être légalement possible car elle entrait dans un autre cadre juridique, celui d’une convention internationale sur les restes humains.

Néanmoins, un autre précédent est constitué par le retour à la Corée du Sud de manuscrits anciens en 2010. On s’est alors accommodés du principe d’inaliénabilité par une pirouette déguisant l’opération en prêt. Sans aucune obligation de retour bien entendu. Comme quoi, quand on veut, on peut. Alors pourquoi ce rejet de la requête du gouvernement du Bénin ?

© BNF

Réparer une injustice

Les objets réclamés par le Bénin constituent le butin de guerre emporté par le Général Dodds en France, lors du pillage du Palais du roi Behanzin en 1892. Aujourd’hui, le refus de rendre des biens récupérés lors d’un pillage est justifié par certains en France par le caractère inaliénable des biens du domaine public en France. Or, cette justification apparaît immorale au regard de l’origine de ces biens, dont un pillage est à l’origine. Se réfugier derrière une réponse juridique est malvenu quand il s’agit de trésors volés.  La moralité exigerait donc une réponse plus adaptée. Rendre ce butin (entre 5000 et 6000 objets inventoriés) ne vient pas réparer les méfaits de la colonisation, mais rendre une forme de justice sur un fait précis.

Trône royal parmi les biens demandés © Musée Quai Branly

Le pays des Droits de l’Homme ne peut pas se dissimuler derrière un principe juridique qui va à l’encontre de valeurs universalistes. Surtout quand ce refus entraîne la colère des opinions publiques, outrées par un tel mépris. A ce titre, la réaction de l’homme d’affaires et collectionneur d’art Sindika Dokolo illustre bien ce sentiment. Il qualifie cette fin de non-recevoir, d’insulte aux peuples africains.

Réappropriation de l’histoire

Les biens revendiqués par l’Etat béninois sont de grande valeur. Leur valeur financière sur le marché de l’art est immense. Leur valeur historique l’est encore plus. Parmi eux, des bijoux, des sceptres, les portes du palais, un trône royal… Autant de fragments de leur histoire dont sont privés les béninois. Ces racines arrachées par le grappin de la colonisation ne peuvent qu’être à l’endroit qu’elles n’auraient jamais dû quitter. « L’homme africain n’est pas rentré dans l’histoire » clamait haut et fort Nicolas Sarkozy en 2007 à Dakar. Priver les africains des liens qui les rattachent à leur passé a certainement contribué à une telle croyance, plus que contestable et contestée.

Une des portes du pAlais pillées © Musée Quai Branly
La construction d’un Etat passe par la conscience que son peuple forme une nation. Pour cela, l’histoire est primordiale, et son appropriation capitale. L’avenir des pays africains passe par cette étape. La France se doit d’y collaborer en redonnant la pièce du puzzle qu’elle possède.

Contribuer au développement économique du Bénin

Quand Patrice Talon, le président béninois, lance cette procédure de restitution, il ne le fait pas seulement pour la symbolique. Outre le courage nécessaire à une telle action, la demande est aussi guidée par une vraie stratégie de développement. En effet, le processus s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large de réforme de l’offre culturelle et touristique du Bénin. L’Afrique en général n’attire pas les voyageurs. Ce patrimoine récupéré et exposé pourrait servir d’appel pour un tourisme mémoriel, culturel et artistique et ainsi compléter les atouts naturels du pays.

Au Bénin, il n’y a pas de pétrole et le gouvernement a l’intelligence de miser sur le tourisme. Ce secteur de l’économie représente déjà 2.5% du PIB, faisant du pays la première destination touristique d’Afrique de l’Ouest avec 230.000 visiteurs en 2013. Diversifier l’économie d’un pays est nécessaire et le développement des services indispensable. Collaborer à cette politique ne demande pas à la France de faire un chèque, mais juste de rendre ce qu’elle n’aurait jamais dû posséder. Un si léger effort pouvant entraîner des conséquences politiques et économiques au Bénin, et diplomatiques en Afrique, en faveur de la France.

Redorer le blason de la France sur la scène internationale

En cédant à la pression d’une restitution des œuvres au Bénin, la France craint d’ouvrir la boîte de Pandore. Parce que le Bénin n’est certainement que le premier d’une longue liste. Devant ce mouvement à venir, irrémédiable et irréversible, l’attitude rétive de la France ne sera pas pour la servir. Mieux vaut s’y préparer. Car au-delà de la considération des désirs des peuples et de l’opinion publique, la France pourrait aussi profiter de l’occasion pour redorer son blason sur un continent où elle perd continuellement de l’influence.

Le 30/03/2017 les Ministres des Affaires Etrangères du Bénin et de la France se rencontraient à Paris © MAE

Les relations diplomatiques ne sont pas toujours au beau fixe entre la France et un nombre de pays du continent. Le poids de la colonisation et les sombres pratiques de « la Françafrique » n’y sont pas pour rien. Alors que l’influence hexagonale s’amenuise sur le plan économique, il reste un terrain sur lequel la France dispose d’un avantage : la culture. Elle dispose en effet d’un élément culturel commun avec ses anciennes colonies : la langue. Pour cela, la Francophonie est un atout de poids pour user d’une diplomatie douce et conserver un espace non pas de domination, mais d’interactions. Intégrer l’art et la culture au milieu d’un vaste programme basé sur l’idiome commun pourrait s’avérer un pari gagnant. Et quel meilleur argument la France possède-t-elle que ces trésors dont la restitution peut s’avérer enrichissante pour chaque partie ?

Ce qu’elle perçoit aujourd’hui comme une contrainte peut ainsi se transformer en formidable outil de soft power pour une France en perte de vitesse dans son ancien pré carré.


Présidentielles : le jour où je n’irai pas voter

Je ne suis pas le seul à le penser, cette campagne pour les élections présidentielles 2017 est une vraie pantalonnade. Au terme de cette pauvre course au pouvoir, une caricature présidera la France. Un tel casting m’emmène à envisager pour la première fois la possibilité de ne pas aller voter.

Le constat est triste. Cela fait bien longtemps que je ne vote pas pour un candidat mais contre un autre. Personne, parmi ces égos surdimensionnés, ne me donne l’envie de croire. Les élections passent, les décennies filent, et le désenchantement grandit. L’abstention augmente à chaque scrutin. Les présidentielles demeurent traditionnellement le seul rendez-vous qui parvient à maintenir l’enthousiasme du peuple. Pourtant cette année, l’envie n’y est pas. Je suis las de voir la détérioration du débat politique qui ne cherche à exister que par et pour les médias. Pour capter les 8 secondes d’attention du mobinaute.

Présidentielles dictées par la politwitique

A force de phrases chocs et de quête du buzz, les candidats en sont réduits à de vraies caricatures. Alignant clichés après banalités, ils n’entrent pas dans le fond des sujets. Sans doute pensent-ils que les électeurs ne sont pas assez éduqués pour entendre des échanges intelligents. Résultat des courses, des personnes se détournent et les adeptes des raisonnements simplistes y trouvent leur compte.

 

Le meilleur exemple est sans doute l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Qui aurait prédit 6 mois auparavant le succès de cette parodie d’homme politique ? Nous avons sûrement les dirigeants que nous méritons. Puisque nous nous désintéressons de la chose publique, les aspirants à nous représenter sont aussi creux que nous ! Et en France, on n’a pas vraiment de quoi se moquer, à la vue de la brochette de postulants.

Le seul mauvais choix est l’absence de choix *

Lorsque je regardais le débat des cinq principaux candidats, je croyais assister à un épisode de Muppet Show. Je ne savais pour qui voter avant ce show audiovisuel. Je ne le sais toujours pas après avoir subi ce programme de télé-réalité. Pire encore, il y a un cas de figure pour lequel j’envisage même de ne pas me déplacer.

© langll

En effet, parmi les scénarios de ces présidentielles, un second tour qui verrait s’affronter Le Pen et Fillon n’est pas improbable. Bien sûr, le pilote de la Sarthe est grillé, cramé, carbonisé par toutes les affaires judiciaires. Mais les français ont déjà montré un certain sens de l’indulgence et/ou de l’amnésie surprenant… Si une telle opposition se profile, je n’irai pas voter contre le FN et ses idées que je répugne. Car je déteste aussi la corruption, la malhonnêteté et le mensonge. Par conséquent, entre la peste et le choléra, je préfère m’abstenir. Le concept de front républicain ne tient plus la route, surtout avec une telle incarnation.

Tant pis si je cours le risque qu’elle soit élue, après tout c’est peut-être un mal nécessaire.

*Citation d’Amélie Nothomb dans « Métaphysique des tubes »


La Vie d’Andolo, le quotidien de jeunes kinois en BD

A l’instar de Vaudou Soccer, dont je vous parlais hier, la sortie de La Vie d’Andolo était programmée la semaine dernière, lors du Salon du Livre de Paris. Une autre BD venue d’Afrique mais dans un tout autre registre graphique et narratif.

 

La vie d’un jeune lycéen au Congo

C’est la vie d’un groupe de lycéens au Congo RDC que l’on suit au travers des pages. Au milieu de ces jeunes gens, Andolo est un brillant élève fraîchement diplômé du baccalauréat avec mention. Sa vie est néanmoins perturbée par l’amour qu’il porte à Ionna. Cette dernière, congolo-roumaine de son état, risque de partir poursuivre ses études en Roumanie. Entre la peur de perdre sa chère et tendre, et de fausses accusations de trafics dans le quartier, la vie d’Andolo n’est pas un long fleuve tranquille.

Un duo investi dans la BD en Afrique

Cette bande dessinée est issue de la collaboration être Christophe Edimo et Fati Kabuika. Ces deux-là ne sont pas à leur première association. Déjà en 2010, ils avaient travaillé ensemble sur La Chiva Colombiana, publié en 2011 aux éditions Les Enfants Rouges. C’est désormais sur leur continent que se déroule l’action de leur nouveau partenariat. Et plus précisément au Congo, le pays où sévit Fati Kabuika, illustrateur formé aux Beaux-Arts de Kinshasa et membre actif de l’association qui produit les magazines BD Kin Label et Amazone BD.

Le dessinateur kinois associe son trait joyeux et ses couleurs vives au scénario de l’auteur Christophe Edimo. Ce dernier, français d’origine camerounaise est également impliqué dans le développement du 9ème art sur le continent ; il est co-fondateur de la revue L’Afrique Dessinée.  

 


Vaudou Soccer, l’Afrique du Football en BD

Plusieurs BD d’Afrique ont profité du Salon du Livre de Paris pour programmer leur date de sortie officielle. Parmi elles, Vaudou Soccer, une œuvre dessinée ayant pour thème le sport n°1 du continent.

Une longue gestation

Il aura fallu du temps pour que Vaudou Soccer voit le jour. En juillet 2015, son auteur Simon-Pierre Mbumbo, faisait appel au financement participatif pour finaliser son travail et le publier. Néanmoins, l’objectif n’ayant pas été atteint, il aura fallu attendre ce printemps 2017 pour découvrir le livre du camerounais.

L’enfant de Douala passé par les Beaux-Arts d’Angoulême, œuvre infatigablement pour la promotion du 9ème art en Afrique. Le football, son autre passion, est le cadre dans lequel se développe l’action de son nouvel album. Le héros principal, un ancien joueur professionnel ayant évolué en Europe, décide de revenir au pays pour reprendre en main son club d’origine. Mais c’est sans compter sur le pouvoir d’un sorcier qui exerce une influence considérable sur les supporters.

Entre modernité et tradition

Par le biais du football, l’auteur approche habilement le paradoxe africain et toute la difficulté d’y faire cohabiter le pragmatisme cartésien avec les croyances populaires traditionnelles. Pour illustrer ce tiraillement, l’histoire est contée par un trait dynamique et des couleurs chaudes qui plongent le lecteur dans le climat du Bantou, un pays imaginaire d’Afrique centrale.

Voilà donc une BD plutôt excitante qui annonce sa sortie officielle pendant le Salon du Livre de Paris. Du 24 au 27 mars, cette foire fait cette année la part belle au continent noir avec pour la première fois un Pavillon des Lettres de l’Afrique.


Afrique : les deux pays à visiter en 2017

L’Afrique est peu plébiscitée par mes concitoyens en tant que destination de vacances. Pourtant ce continent a la côte auprès de l’éditeur de livres de voyages anglophone, Rough Guides. En effet, ce dernier a classé deux pays africains dans son Top 10 des destinations à explorer cette année !   

©Reinout Dujardin
Dans le Top 10 : Namibie

Après la Finlande et avant Taiwan, le pays d’Afrique australe se classe en 9ème place de ce Top 10.

Il faut dire que le peu peuplé (2.6 habitants /km²) et grand état est un régal pour la rétine, un vrai paradis pour photographes. Du sable ocre rouge des dunes du désert de Namib aux hauts plateaux de l’Otjozondjupa, la diversité des paysages est fascinante. Des villages isolés aux oasis animalières du parc d’Etosha, tout est digne d’un décor cinématographique, jusqu’au moindre arbuste.

© Patrick Giraud

Pour y croiser des zèbres, des éléphants ou rhinocéros en liberté (mais pas trop d’humains) et pour se confronter à l’immensité des paysages désertiques, la Namibie est certainement un bon choix pour un voyage initiatique.  

© Olivier Peyre

 

Dans le Top 5 : Ouganda

C’est grâce à sa nature luxuriante, fruit d’un climat équatorial, que l’Ouganda se hisse dans le  Top 5.

Calé entre le Canada et la Bolivie, le pays d’Afrique de l’Est se taille une place de choix dans ce classement en apparaissant en 4ème position dans le guide. La beauté de l’Ouganda n’est pas nouvelle puisque Winston Churchill l’avait jadis surnommé « la perle de l’Afrique ». Et cette réputation traverse  actuellement les océans, avec notamment une prévision de 60.000 touristes en provenance des Etats-Unis pour 2017.

© Reinout Dujardin

Avec ses 241.550 km², le pays dispose d’une surface équivalente à celle du Royaume-Uni sur laquelle on compte 60 zones protégées et 10 parcs nationaux largement sous-explorés jusqu’à aujourd’hui.

Le plus fascinant est peut-être le parc Bwindi, au sud-ouest du pays, proche des frontières avec le Rwanda et la RDC, surnommé la forêt impénétrable. Il s’agit là d’un des plus riches écosystèmes africains abritant parmi tant d’autres, quelques 340 gorilles de montagne, soit la moitié de la population mondiale de cette espèce menacée.

Plus au nord, le parc de Murchison Falls figure également parmi les fleurons naturels du pays. Outre les spectaculaires chutes d’eau sur le Nil Victoria, on peut admirer ici toute la panoplie animalière de l’imaginaire africain : lion, léopards, rhinocéros blancs, girafes, éléphants, babouins…

© Adamneil


Un voyage en Afrique, non merci !

Le Français n’est pas toujours un grand voyageur mais lorsqu’il ferme les yeux il rêve de Polynésie, d’Océanie, d’Asie… Mais jamais d’Afrique ! Tentative d’explication après une petite enquête dans mon entourage proche, moins proche ainsi qu’auprès de mes contacts internautes.

Coucher de soleil au Sénégal

  Un continent qui ne fait pas rêver Mon aventure Mondoblog est avant tout le fruit d’une histoire d’amour. Car si j’ai atterri sur cette plateforme de blogueurs francophones, c’est par passion pour l’Afrique. Une passion qui me conduit à m’informer quotidiennement auprès de la presse de référence de ce quotidien, en particulier RFI la radio marraine de cette belle initiative. Pourtant lorsque je discute avec mes compatriotes français, je m’aperçois que ma passion noire est loin d’être partagée. Et quand je leur demande s’ils souhaitent visiter un pays d’Afrique sub-saharienne, la réponse est très majoritairement négative. Cette impression, confirmée par un sondage auprès de personnes d’univers et d’âges différents m’a permis de tirer quelques conclusions quant au rejet de ce continent comme une potentielle destination de vacances. Alors que beaucoup d’entre eux ont voyagé dans des contrées lointaines, ceux qui ont déjà eu l’occasion de venir en Afrique sont une minuscule minorité. Pire encore, lorsque je demande quelle est leur destination préférée dans l’absolu, aucun ne cite un pays du continent. C’est clair, l’Afrique ne fait pas rêver !

Vertes collines au Rwanda

L’Afrique fait peur Pire encore, elle effraie. Parmi les raisons invoquées figure quasi systématiquement l’insécurité. Les images de guérillas, de massacres vues au JT sont surement présentes dans les esprits,  tenaces elles ne sont pas gommées ou relayées au second plan par d’autres aspects qui permettraient de passer outre. Pour le Brésil, on pense d’abord aux plages de rêves alors que l’insécurité y est, dans les grandes villes, omniprésente. Le Mexique a un pays au taux de criminalité le plus élevé au monde à cause des cartels de narcotrafiquants, cette donnée, dans les esprits des vacanciers, est dissimulée par les temples Aztèques et Mayas ainsi que par le sable fin caribéen. Les exemples de ce type peuvent être multipliés, les zones de danger sont nombreuses dans le monde et finalement, peu nombreux sont les pays dans lesquels il n’existe aucune zone dangereuse.   Cachez cette misère que je ne saurais voir Autre raison citée régulièrement : la misère. Les vacances, c’est fait pour se détendre et surtout pas se confronter à des problèmes, encore moins aux réalités de la planète ou d’un pays. Le touriste recherche une bulle de plaisir et finalement, il souhaite rarement sortir de sa zone de confort. Et même lorsqu’il va dans des pays où la misère existe, il ne souhaite pas la voir. La République Dominicaine, oui mais en formule « tout inclus » dans un hôtel 4 étoiles. L’Asie, avec plaisir mais on ne va pas penser aux gamins qui se tuent au travail dans les usines de textile de grandes chaines occidentales… L’Afrique semble à leurs yeux concentrer toute la misère du monde. Je l’avoue, moi-même j’avais l’appréhension du choc frontal avec des populations qui n’ont pas le dixième du confort possédé en occident. Et c’est vrai, j’ai vu en Côte d’Ivoire de la pauvreté, mais pas de misère !

Photo: Yannick Revel

Rendre l’Afrique sexy Le tourisme étant un business de l’imaginaire (il s’agit de vendre du rêve), tout est finalement une histoire d’image et de communication. Et lorsqu’on réfléchit à l’imagier africain véhiculé en Europe, force est de constater qu’il est plutôt maussade. Il en faudrait peu pour inverser la tendance car si on y réfléchit, beaucoup de pays africains possèdent les atouts pour développer une économie touristique. A commencer par l’ami numéro 1 du touriste : le soleil ! Ajoutez à cela une nature encore préservée, des espèces animales rares, des cultures ancestrales, l’hospitalité… Ensuite, c’est bien connu le français n’est pas très doué en langues étrangères. Un obstacle idiomatique totalement levé dans les pays francophones. Sans compter que cette main d’œuvre qui s’exprime dans la langue de Molière ne coute pas cher, ce qui lui permettrait d’être nombreuse pour choyer le toubabou porteur de fraiches devises. Alors si mes concitoyens n’ont pas envie d’aller en Afrique, ce n’est peut-être pas seulement à cause des méchants médias occidentaux qui véhiculent une image négative et réductrice. Mais c’est certainement le manque de vision à long terme des classes dirigeantes bien souvent trop occupées à enrichir leur patrimoine personnel au détriment de l’intérêt général. Certains pays de la péninsule arabique injectent des millions (voire des milliards) issus de l’exploitation pétrolière et gazière dans le tourisme dans le but de prévoir le coup d’après, le moment où les réserves naturelles seront insuffisantes. Un exemple qui mériterait bien d’être suivi. Un effort politique et quelques campagnes de communication, il n’en faudrait pas plus pour que l’occidental puisse envisager un pays africain dans ses potentielles destinations de voyage. Car comme le disait une des personnes interrogées, sans aucun à priori : « l’Afrique, je n’ai rien contre mais je n’y pense pas ».

quelque part au Bénin


Face au terrorisme : consommez !

 

Trois jours de deuil. Trois jours, pas un de plus, et le cynisme reprend ses droits. Hier, le syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs avait lancé le mot d’ordre « Tous au bistrot », en guise de mobilisation face au terrorisme. Citoyens, face à l’horreur : pleurez, réagissez, consommez !

Tous au bistrot

 

Je commence à peine à relever la tête suite aux événements que je subis un nouveau choc. J’entends sur les ondes, un appel à nous rendre dans les bars pour manifester une opposition au terrorisme. Je n’en crois pas mes oreilles.

Revenu à la maison, quelques clics me montrent le logo de l’opération, une illustration dans laquelle la tour Eiffel dessinée par Jean Jullien est détournée pour en faire une assiette. Je comprends ; on nous demande d’aller manger et boire dans des établissements commerciaux pour faire preuve de courage et de solidarité. Quelle horrible blague 🙁

Un peu plus tard, la lecture d’un article sur le site du Monde me conforte dans mon impression. Sans vergogne, la journaliste reprend sans la moindre réflexion les arguments indécents du communiqué de presse. Je veux bien qu’on soit sous le choc mais quand même, cela n’empêche pas de mettre les choses en perspective. Dans son déroulé, le papier nous explique que « les cafetiers parisiens ont eu une baisse de chiffres d’affaires de 60 % samedi dernier ». La nausée me monte à la gorge…

Ray-Clid

 

En ces temps où le pays est meurtri, où des milliers de gens pleurent des disparus, des vautours se saisissent de l’occasion pour remplir des commerces et ne montrent pas une once de compassion en pleurnichant sur leur diminution (momentanée) de clientèle. Les mots me manquent pour réagir tellement le coup de pub est lamentable.

Le pire, c’est que les médias nationaux relayent allègrement l’information sans se poser de questions. Je suis navré mais j’ai beau réfléchir, je ne vois pas de justification à cela. En quoi, manger une entrecôte au restaurant ou boire des coups avec des copains est-il un acte militant ? Si encore ils reversaient une partie des bénéfices à une association d’aide aux victimes, cela aurait un sens. Mais ce n’est même pas le cas.

En situation de crise, on pourrait vraiment nous faire avaler n’importe quoi. Ça tombe bien, plus c’est gros plus ça passe, comme on dit au Café des Sports.

 


Je Suis Paris, Je Suis Beyrouth, Je Suis Humain

Comme beaucoup de français, j’entame cette semaine dans le brouillard. Cette fois-ci, il n’est pas dû à un week-end festif mais aux tristes événements qui ont frappé le pays. Sonné, KO mais debout, la peine engendrée par les attaques terroristes n’a pas altéré mes convictions humanistes.

Paris

 

Samedi matin, la France se réveille meurtrie, attaquée comme jamais par une vague terroriste d’envergure. L’émoi est à la hauteur du drame. Abasourdi par la nouvelle, choqué par les détails, j’erre d’écran en écran jusqu’à comprendre que je ne trouverai jamais l’explication d’une telle horreur. Sur le web, les réactions sont vives : tristesse, colère, haine… Finalement, c’est un magnifique message pacifiste qui sera véhiculé en guise de réaction ; une tour Eiffel en forme du symbole Peace & Love. Apaisement.

Quelques heures plus tard, Facebook propose à ses utilisateurs de marquer leur soutien aux victimes en teintant leur photo de profil des couleurs du drapeau français. En moins d’une journée, l’immense majorité de mes amis présents sur ce réseau ont appliqué le bleu blanc rouge sur leurs trombines. Pas moi.

J’ai déjà eu à l’exprimer après les attentats contre Charlie Hebdo, ma peine ne se limite pas à l’annonce de décès sur un sol français et/ou occidental, mon cœur ne fait pas de distinction. Hier j’étais Charlie, j’étais Baga, j’étais Garissa… aujourd’hui je suis Paris, je suis Beyrouth… et demain je serai toutes les victimes de la folie meurtrière, quelque soit leur nationalité, leur race, leur religion où le lieu de leur décès.

Pas plus que le drapeau nigérian, kenyan ou libanais, je n’ai arboré les couleurs de ma citoyenneté car avant d’être français, je suis humain. Mon cœur, à l’instar de la planète sur laquelle nous vivons aujourd’hui, n’a pas de frontières. Voilà une donnée que les gouvernants et gouvernés de ce pays ont bien du mal à intégrer. Dans notre monde globalisé, les capitaux circulent, les marchandises traversent les océans, les informations se répandent, les gens se déplacent… le terrorisme aussi.

DessinJeanJulien-610x610

J’oubliais, à la liste de sentiments ressentis s’ajoute aussi l’indignation devant les réactions de nos politiques dont très peu ont eu des paroles au niveau de l’enjeu. « Il faut éradiquer Daesh » disent les uns comme s’il découvraient aujourd’hui la puissance de nuisance de l’organisation. « On doit expulser les djihadistes », déclare une autre en oubliant certainement qu’il est impossible d’expulser un ressortissant français. Un tas de phrases insipides qui révèle une fois de plus l’indigence de notre classe politique.

Dans le monde du XXIème siècle, toute problématique impose une réflexion globale, bien au-delà des frontières hexagonales. Car face à une multinationale du crime comme Daesh, des réponses franco-françaises ne seront d’aucune efficacité.


Vidi Legi Amavi #25

Comme tous les vendredis, je vous livre dans cette chronique mes coups de cœur de la semaine. Au menu du jour ; légèretés « musico-estivales » et chef-d’œuvre littéraire.

Bon week-end 🙂

Musique : Inigo Montoya

Les quatre garçons formant le groupe d’Inigo Montoya produisent une électro rock, un brin trash, chantée en français et souvent tournée vers les choses de l’amour et du sexe. Il n’en faut pas plus pour porter ces Parisiens au top de la hype. Pour illustrer cette musique et ses propos, voici un couloir nocturne habillé de néons pour le moins explicites…

 

Musique : Aufgang

On monte en température avec la dernière livraison vidéo du duo Aufgang. Pour le titre « Summer », chanson estivale aux sonorités aussi engageantes qu’un dancefloor à la belle étoile, le clip joue dans l’interactivité. En effet, plusieurs versions sont disponibles en fonction de la météo de l’endroit d’où l’on le regarde. Pour ma part, j’ai eu droit à la version ensoleillée avec 30 degrés, très, très hot !

Vivement qu’il pleuve pour en apprécier une autre.

IMG_20150715_155257 (Copier)

Livre : Haruki Murakami « La ballade de l’impossible »

Après les légèretés musicales évoquées ci-dessus, je vous parle d’une des lectures effectuées cet été ; un magnifique roman de l’auteur japonais Haruki Murakami. Après l’avoir refermé, j’appris qu’il s’agit de l’œuvre phare de l’écrivain, celle qui a véritablement propulsé sa carrière. Et je comprends pourquoi !

Une leçon d’écriture, de délicatesse et de mélancolie autour de la vie sensuelle et amoureuse du jeune Watanabe. Un chef-d’œuvre dont j’ai également lu qu’il avait été adapté au cinéma. Dois-je prendre le risque de visionner le film ?