Yanik

Ethel Muniz, le poète jongleur

 

Installé à Biarritz depuis 1997, le franco-brésilien insuffle sa poésie dans toutes ses créations artistiques. Bondissant d’une discipline à l’autre, l’homme réfute toute catégorisation et tient à rester un artiste libre.

 

Fin de journée et fin de semaine, quoi de mieux pour entamer le week-end qu’une bonne bouteille de vin ? Autour du flacon, en ma compagnie se trouvent Laureano, caviste biarrot, et Ethel. Le premier, d’origine argentine, est le tenancier du Delicatessen (1), lieu dans lequel le second expose une douzaine de travaux. Entre un caviste passionné d’art et un artiste amateur de vin, la connexion est aisée et se traduit par cet événement mais également par la présentation de bouteilles du Clos Massotte dont les étiquettes ont été réalisées par le peintre. Deux séries limitées ainsi qu’une façade vierge sur le lequel le dessinateur se propose de réaliser une œuvre instantanée à la demande du client.

 

Œnologie et peinture, la discussion est partie pour durer d’autant que le natif d’Aracaju (ville de la façade atlantique brésilienne située entre Salvador et Recife) est un sujet intarissable. Nourri de voyages et de cultures diverses, le pluri actif partage son temps entre la France, l’Italie et l’Allemagne. Débarqué à Biarritz quinze ans auparavant, sur l’invitation d’une amie sculpteur, Ethel passe aujourd’hui cinq mois par an environ sur la côte basque. Ici et ailleurs, il crée et met en forme ses humeurs, sentiments ou idées et les exprime par des traits, des touches, des mots, des notes…

 

Fils d’une nation métisse, Ethel Muniz est un mélange qui conteste toute étiquette et pratique le plus naturellement du monde toutes les formes d’expressions artistiques. Pas de programme dans son processus de création, il agit au fil des inspirations et couche sur son carnet tantôt un poème, tantôt un portait, quand il ne prend pas une caméra ou un instrument de musique. L’homme au talent protéiforme refuse de choisir une discipline plutôt qu’une autre, même s’il reconnaît « qu’en France les gens sont surpris de voir qu’un peintre joue également de la musique, alors que cette barrière n’existe pas Outre Rhin ». Et lorsque pour le plaisir on lui demande quel choix il ferait s’il y était contraint, le joyeux poète s’en sort par une ingénieuse pirouette : « je mets toutes les disciplines dans un robot mixeur pour en sortir un mélange ».

 

Sans références, le polyglotte aime brouiller les cartes et bondir d’une technique à l’autre. Son travail pictural est également déroutant, chaque période étant radicalement différente de la précédente. Ses œuvres les plus récentes sont avancées sur le chemin de l’abstraction, « des dilutions du figuratif », comme leur auteur les qualifie, car inspirées de travaux figuratifs exécutés précédemment. Compositions abstraites, graphiques, portraits ou représentations de décors intérieurs, les styles se suivent et ne ressemblent pas. Malgré les virages radicaux «les collectionneurs me suivent, ils sont surpris mais ils apprécient de l’être car ils aiment le changement » se félicite-t-il.

 

Echappant à tous les clichés, Ethel Muniz incarne une certaine plénitude de la notion d’artiste. Touche à tout insatiable, il s’essaye et pratique sans prise de tête, éprouvant « le besoin de changer dés que les choses deviennent faciles ».  Après deux heures de conversation à bâtons rompus sans une seconde de répit, le fascinant personnage doit prendre congés car il est attendu pour une lecture de poèmes. Le lendemain, c’est un accrochage de tableaux qui est au programme et la semaine suivante le montage d’un court métrage muet en noir et blanc pour lequel il jouera lors de la projection la musique composée par ses soins. Le jonglage artistique n’est pas prêt de s’achever.

 

 

(1) Delicatessen, 15 rue du Helder à Biarritz, expose actuellement des dessins (nus féminins et portraits) réalisés par l’artiste dans les années 1980.


La Parenthèse à Mont de Marsan

 

La Parenthèse à Mont de Marsan

Dans une ville qui ne manque pas de charmantes adresses pour se restaurer, un nouvel endroit vient de se rajouter à la liste et se hisser sans conteste dans le top 5 des pauses gourmandes de la cité.

Ouvert depuis quelques semaines, l’endroit à la façade flambant neuve dissimule derrière ses portes une salle entièrement rénovée aux murs crème et chocolat occupée par du mobilier moderne en bois sombre. Au fond de cet espace tout en longueur, la cuisine ouverte marque une étape visuelle avant un virage à gauche vers la terrasse. Celle-ci équipée de deux voiles pour occulter le chaud soleil gascon, dispose d’une quarantaine de couverts ; un vrai havre de paix insoupçonnable au cœur d’un tel environnement citadin.

 

 

Gaspacho de melon et sa chantilly pimentée

Sur l’ardoise, la craie suggère une formule du jour alléchante, une invitation pour une belle traversée de la pause déjeuner. Première escale au milieu d’un océan orange, un gaspacho de melon, dans lequel trois ilots de chantilly pimentée laisse poindre leur partie émergée. La soupe froide simplement rehaussée par une pointe de poivre de Sichuan et adoucie par la crème constitue un rafraichissant régal estival, une réussite pour entamer la mini croisière de la mi-journée.

 

 

 

Thon blanc grillé, gratin de courgettes

La prochaine étape, nous mène devant une assiette rectangulaire telle une photographie panoramique.   Au premier plan coule une rivière de coulis de tomate sur laquelle flotte trois radeaux de thon blanc grillé. Sur la berge un gratin de courgette, en son sein les légumes verts sont liés par de la purée de carotte pour une onctuosité maximale. Si en matière de photo, un paysage simple peut être magnifié par un œil artiste, il en va de même en cuisine où les produits se métamorphosent sous l’interprétation du cuisinier qui fait ici preuve d’une belle inspiration. 1140

Pour boucler le périple gastronomique, la dégustation s’achève par une crème brulée dissimulant en son corps des morceaux de fruits rouges accompagnés de lanières de basilic. Porté par le même vent que les plats précédents, ce dessert offre un retour en douceur sur la terre ferme et referme en beauté la parenthèse raffinée, orchestrée de mains de maîtres par un tandem parfaitement complémentaire.

Fraicheur des produits, cuisine originale et appliquée, présentation raffinée et service attentionné, tels sont les ingrédients utilisés en ce lieu ; une recette simple et efficace qui placera à n’en pas douter ce récent établissement parmi les plus courus de la ville.