Yanik

Du palais de Bokassa au château Henri IV

Quand les courants de l’Oubangui portent aux pieds des Pyrénées

Melaine-Borne-BanguiEtudiant étranger en architecture, Mélaine débarque en terre béarnaise en 2004 afin d’y achever son cursus universitaire. Initialement prévu pour une durée d’un an, son séjour temporaire s’est transformé en projet de vie familial et professionnel.

Né dans un pays qui tire son nom de sa situation géographique, au cœur de l’Afrique, le futur architecte a vu le jour et fait ses premiers pas à Bangui dans la capitale de la Centrafrique. Peu peuplée, l’ancienne colonie connue sous le nom d’Oubangui-Chari du temps de l’Afrique équatoriale française, est dirigée depuis une ville de plus de 600.000 âmes à la forte densité de 9295 habitants au kilomètre carré. Dans cette cité qui fait face au voisin congolais, le banguissois réalise sa scolarité et y décroche le baccalauréat au crépuscule du deuxième millénaire.

Un banguissois en Afrique de l’Ouest

Le précieux sésame en poche, il s’envole pour le Togo afin d’intégrer l’école africaine des métiers de l’architecture et de l’urbanisme (EAMAU), et l’arrivée à Lomé est un véritable choc pour l’homme de l’intérieur, confronté pour la première fois à la mer.

La capitale togolaise sera son lieu de résidence six années durant et lui permettra de visiter les voisins de la sous région ; le Bénin, le Burkina-Faso et le Ghana. Par ces voyages, l’étudiant note des différences notoires entre les pays d’Afrique centrale et occidentale. « Les pays d’Afrique de l’Ouest sont nettement mieux organisés, notamment par le biais de la CEDEAO» assure-t-il et, bien qu’ils aient « moins de ressources naturelles, ils parviennent à mieux valoriser leurs richesses ».  Un constat qui n’est pas sans laisser une pointe d’amertume dans le discours de Mélaine lorsqu’il avoue qu’ « au milieu des années 1970, la RCA était plus développée que ces états qui ont largement progressé depuis alors que pour nous… ».

Parmi ces états parcourus, le Ghana a particulièrement retenu son attention. Ce pays est largement « en avance sur ses voisins, son développement économique impressionnant et ses infrastructures n’ont rien à envier à certains états européen ».

Une bourse universitaire en guise de visa pour la France

Au terme de ses études, le centrafricain apprend qu’un appel à projet est lancé par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). En préparant son dossier de candidature, il recherche un établissement d’accueil, condition pour l’attribution de la bourse. L’université qui répondra favorablement à sa demande est celle de Pau qu’il rejoindra en 2004 pour suivre un enseignement d’un an en Master II recherches. Mais le Master se transformera en Doctorat et le séjour se prolongea le temps de préparer une thèse basée sur la problématique de la place du patrimoine culturel dans l’aménagement urbain.

Dans le piémont pyrénéen, le chercheur trouve les conditions idéales pour ses études, il y rencontre aussi l’amour et se marie avec sa dulcinée au cours de l’année 2008.

Huttes des pygmées Aka, photographiées par Mélaine
Huttes des pygmées Aka, photographiées par Mélaine

Désormais ancré dans son environnement palois, le chef d’entreprise n’en oublie pas pour autant ses origines et se rend régulièrement en Centrafrique, pour laquelle il ne tarit pas d’éloges. « C’est un beau pays où il fait 26 degrés tout au long de l’année » commence-t-il par déclarer avant de s’enthousiasmer sur la diversité culturelle que l’on y rencontre. « Il y a des particularités dans chaque région, mais elles ne sont pas valorisées par manque de moyen ». A titre d’exemple il cite  les traditions du peuple pygmée Aka vivant dans le sud du pays, dont la polyphonie est classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Déformation professionnelle oblige, l’architecte est également sensible au contraste dégagé par la coexistence des bâtiments coloniaux et de l’habitat local, qui donne à Bangui un charme particulier.

Rébellion, souffrance et…espoir

Sa dernière visite datant du mois d’octobre dernier, impossible de ne pas évoquer avec lui la période trouble qui secoue le pays depuis plusieurs semaines. A cette époque la rébellion était déjà en marche « mais les gens sur Bangui ne se rendaient pas compte de son importance. On ne savait pas que les rebelles étaient si proche de la capitale ». Il est vrai que les médias sont très contrôlés dans ce pays qui ne brille pas par la liberté d’expression de ses journalistes. Un manque d’information envers des populations totalement prises en otage par des troupes qui asphyxient le pays. Comme nous l’explique Mélaine, « les axes routiers sont limités, et il est très facile avec peu d’hommes de bloquer toute circulation ». Les hommes, les biens, plus rien ne peut bouger et c’est toute l’économie nationale, déjà peu florissante, qui se trouve paralysée.

Malgré cet état de fait peu encourageant, l’habitant des Pyrénées Atlantiques garde un espoir entretenu par les accords de Libreville conclus en janvier entre les diverses parties du conflit. Un premier ministre issu du consensus y a été nommé en vue de constituer un gouvernement d’union nationale et, bien que la cohabitation soit loin d’être aisée, le plus important demeure de retrouver une stabilité politique afin que la paix s’installe. Une pacification indispensable à toute activité économique et qui permettrait à la Centrafrique de pouvoir enfin prendre son envol.


Une onde vénézuelienne sur le littoral aquitain

Le logo de la planche de surf au couleur du Venezuela
Le logo de la planche de surf au couleur du Venezuela

 

Carrure athlétique et vêtements colorés, José ne passe pas inaperçu avec son apparence vive qui rappelle le tennisman brésilien Gustavo Kuerten. Tout comme ce dernier, il vient du continent sud américain et a accepté de livrer son récit au rythme des intonations tout en relief de son accent latin.

 

Les premières années sur les plages caribéennes

De son enfance dans la ville de La Guaira, il garde en mémoire les vagues de la mer des Caraïbes, les valeurs transmises par sa famille et les parties de baseball, le sport national au Venezuela. Dans la maison, le confort occidental n’est pas de mise mais les jours s’écoulent de manière heureuse, au milieu des proches et au contact des anciens dont les précieux conseils guident ses pas.

A la fin du lycée, l’adolescent quitte ce cadre pour se rendre dans la capitale du pays où il effectue ses études supérieures et obtient un diplôme de niveau Bac +3 en tourisme. Avec ce bagage universitaire, il trouve une place à l’aéroport de Caracas en tant qu’agent de trafic aérien.

Quand Hugo Chavez fait basculer son destin

Effrayés par la politique du président vénézuélien, les investisseurs privés de la compagnie pour laquelle José travaille, décident de se retirer du pays. Un plan de restructuration intervient et des centaines de postes sont supprimés à l’aérogare.

Inclus dans le lot des congédiés, l’homme du littoral décide alors de voyager et de poursuivre son parcours professionnel en République Dominicaine.

Dans ce pays, il met à profit ses études de tourisme et sa pratique de la glisse en devenant salarié d’une école de surf renommée. Sept jours sur sept au service de son employeur, l’immigré travaille sans relâche et économise dans le but de devenir son propre patron.

Au milieu de cette vie très occupée, une rencontre féminine sera déterminante pour son avenir. Entrée dans sa vie en tant qu’amie, une jeune française devient par la suite sa compagne puis la mère de son enfant. Inattendue, la grossesse débute sur place pour se terminer en France où la conjointe souhaite accoucher. Quand le bébé vient au monde, la nouvelle maman ressent le besoin de rester auprès de sa famille et ne désire pas repartir sous le soleil dominicain. Logiquement, José accompli les démarches nécessaires et prépare ses valises à la découverte du vieux continent.

 

Ainsi s’achève la parenthèse dominicaine et s’ouvre l’aventure européenne

Le premier sol foulé est celui de l’aéroport de Madrid Barajas, sur lequel se pose l’avion en provenance d’Amérique latine. Située à la lisière de l’hexagone et du royaume d’Espagne, c’est par Hendaye que José ouvre la porte d’entrée sur le territoire français, il y a sept ans de cela.

Depuis séparé de la mère de sa fille, il navigue entre Pays Basque et Landes, entre sessions de surf et boulots temporaires. Faite de hauts et de bas, sa vie en France est loin d’être rose mais il ne perd pas espoir et garde un optimisme à toute épreuve. De ses expériences en tant qu’employé viticole ou salarié d’un grand producteur de foie gras, il ne retire que l’aspect positif ; celui de l’approfondissement de ses connaissances en matière de culture et de gastronomie française. Amoureux du pays dans lequel il réside, il y apprécie tout particulièrement l’histoire, les savoir-faire et la diversité des paysages. « Les français ne se rendent pas compte de la beauté leur pays » constate-t-il avant d’ajouter qu’ils passent leur temps à râler en toutes circonstances. « Comment ne pas être de bonne humeur quand tu vis dans un pays où tu as tout ? Ils ne sont jamais contents et se plaignent souvent comme sur la météo par exemple. Il fait froid ? C’est normal on est en hiver ! Il fait trop chaud…et bien enlève ton pull ! » dit-il sur le ton de la plaisanterie.

 

José sur une vague de la plage des Cavaliers à Anglet
José sur une vague de la plage des Cavaliers à Anglet

Un amoureux de la France touché par le fléau du racisme

Au gré de ses pérégrinations, le sud américain a lié de nombreuses d’amitiés dans la région, essentiellement avec des ressortissants français. Les personnes originaires de son continent de sont pas légion dans le secteur, ce qui l’a obligé à aller vers les autres pour ne pas rester seul. Malgré ce comportement avenant, il a été confronté à la douloureuse expérience du racisme. Pourtant blanc de peau, il avoue en avoir beaucoup souffert. « Même si ça ne se voit pas sur mon visage, mon accent me trahit et on m’a souvent fait comprendre que je pouvais rentrer chez moi… » déclare-t-il avant de s’interroger sur les causes de la xénophobie, « comment peut-on continuer à croire que la crise est le fait des étrangers alors que la plupart des bâtiments construits dans ce pays ont été érigés par des mains immigrées? ».

 

L’ambition et la rage de réussir 

Nostalgique quant à ses jeunes années, sa terre natale, le soleil, le sens du partage et la bonne humeur de ses compatriotes lui manquent énormément. Mais sa vie est désormais ici, auprès de sa fille tant aimée, raison de son arrivée et de son ancrage dans le Sud-Ouest. Faisant fi des paroles pessimistes, il nourrit un projet de création d’entreprise dans le secteur de la glisse, une nouvelle aventure au service de laquelle il mettra toute sa débordante énergie.

Ainsi devrait se construire l’avenir bleu blanc rouge d’un immigré vénézuelien « honoré de vivre en France » et qui ne demande qu’à réussir  pour « rendre à mon tour à un pays qui a su me tendre la main ».


Jean Rustin; derrière l’intrigue, l’émotion

Le travail de Jean Rustin sera visible à la galerie Samantha Sellem du 8 janvier au 02 février 2013. Cet évènement parisien est l’occasion de redécouvrir ce peintre et de publier à nouveau un article consacré à une exposition qui lui fut consacrée au Centre d’Art Contemporain de Mont de Marsan en 2012.

La blessure - 1991
La blessure – 1991

 

De nombreuses questions viennent à l’esprit lorsque l’on se trouve confronté aux œuvres de Jean Rustin. A commencer par l’identité des individus représentés sur ses toiles ; de petits êtres disproportionnés, à la tête ovoïde absente de toute masse capillaire. L’espace dans lequel ils sont représentés est presque toujours identique, l’ambiance y est grise et spartiate, les détails de décor inexistants. A ce stade arrive la deuxième interrogation : où sont-ils ? Les réponses sur ces deux premiers points sont totalement laissées libres par l’artiste qui a choisi de s’exprimer au travers de ce monde imaginaire, un monde clos où semble régner l’ennui, la solitude et l’inquiétude.

Dans cet univers, les corps aux formes animales sont souvent dévêtus. Par son coup de pinceau dynamique, l’artiste met en scène une nudité brute et brutale qui au travers des personnages permet de dégager une large palette de sentiments. Si le caractère étrange de l’atmosphère est renforcé par l’omniprésence des gris (les murs, les ombres), le rouge du sang n’est cependant jamais très loin (dans le fond des yeux, les lèvres ou sous la peau des organismes décharnés).

L’artiste se plait à brouiller les pistes et à placer le spectateur dans une situation inconfortable face à des sujets qui semblent aux-même scruter ceux qui sont venus les observer. Face à ces personnages qui prennent le visiteur à partie, l’interrogation devient alors mutuelle et le dialogue fascinant. Ainsi le doute dont ces créatures semblent être habitées, nous envahit peu à peu,  remettant en question certains préjugés de notre monde moderne.

 

Une fois de plus, ce lieu d’exposition brille pour la qualité et l’originalité de sa programmation qui, avec le travail de Jean Rustin, offre une œuvre traditionnellement peu diffusée, que d’aucuns estimeront peu accessible. Comme le souligne l’employée du centre d’art, il n’y a pas de juste milieu avec cette exposition, « beaucoup de visiteurs ont été bouleversés et/ou fascinés par les toiles exposées, d’autres sont ressortis au bout de deux minutes ».

Le lit d’hôpital - 1996
Le lit d’hôpital – 1996

 

 


Créateurs de perceptions

 

Pénétrer dans l’univers d’Angela Detanico et de Rafael Lain, c’est comme entrer dans une nouvelle dimension, une sphère spatio-temporelle dans laquelle les grilles de lecture qui sont les nôtres (heures, lettres, signes…) sont totalement bouleversées. Une fascinante réinterprétation de nos repères quotidiens réalisée au terme d’une réflexion tout autant scientifique qu’esthétique.  

 

« Vague » 2010

Visuelle, sonore et intellectuelle, l’expérience proposée par les artistes brésiliens débute avec une musique digne d’un univers de science fiction, des sonorités rappelant la bande son de « rencontre du troisième type », le célèbre film de Steven Spielberg. Dés les premières notes, un simple coup d’oreille et d’œil suffit à attirer le visiteur vers un autre monde, composé de sphères inventées par le duo sud américain.

L’immersion n’est pas immédiate, un temps d’adaptation s’impose. Accueilli par le sympathique personnel de l’institution, un dialogue indispensable permet de détenir les clés nécessaires à la pleine compréhension de la démarche. Ces précieux sésames en tête, le spectateur peut alors déambuler parmi les œuvres exposées, passer outre l’interrogation et admirer un travail au processus de création atypique.

 

Concepteurs de langages

Sémiologues (1) et graphistes de formation, le travail artistique du couple trouve son origine dans une recherche scientifique, et ce mariage donne naissance à de nouveaux langages. Des signes joués en sons, des lettres visualisées en formes géométriques, des heures en couleurs…telles sont les transpositions imaginées.

La pièce centrale, une installation sonore et vinyle, élabore un solfège dans un nuage à 32 faces. A l’intérieur de cette zone sont disposés des signes typologiques (parenthèses, tirets, guillemets, points…) auxquels sont associés des sonorités. Une aiguille virtuelle, agissant tel le diamant d’une platine de disque, vient lire cette partition et projeter la bande son perçue dans la pièce. D’une durée égale à une demi-journée, l’horloge musicale intitulée « Le jardin des heures » (2012) est une œuvre qui combine de nombreux systèmes d’interprétation.

Le temps y est revisité, tout comme sur les peintures « Le jour le plus court, le jour le plus long » (2012). Ici, chacune des toiles est divisée en 24 bandes de couleurs, 24 dégradés de gris et de noirs reproduisant la luminosité à chaque heure des solstices d’été et d’hiver.

Notre alphabet n’est pas épargné par les transformations et deux œuvres présentées s’attaque au moyen d’expression écrite. Parmi elles, une magnifique onde disposée à même le sol. Sur le parquet brun, des millions de grains de sel ont été disposés de manière créer une splendide œuvre graphique tout en courbe.

Un choix audacieux pour un anniversaire

Pour ces dix ans, l’Artothèque de Pessac a réussi un grand coup en invitant un tandem affirmé sur la scène internationale. Ambassadeurs du pavillon brésilien lors de la biennale de Venise en 2007, ils ont également exposé dans des lieux hexagonaux majeurs dont le Palais de Tokyo ou le Jeu de Paume.

Une chance pour l’institution de l’agglomération bordelaise de pouvoir souffler ses premières bougies à deux chiffres en leur compagnie, une chance pour le public aquitain de suivre le tracé d’une exploration inédite et stimulante.      

 

(1) Sémiologie : science étudiant les systèmes de signes

Exposition programmée jusqu’au 19/01/2013 à l’Artothèque, 2 rue Eugène et Marc Dulout, 33600 Pessac

 

 


Miami, c’est comme à la télévision!

Originaire de Bidart, Eric Irastorza (1) est parti en 1998 s’installer sous le soleil de Miami pour gagner sa vie à la sueur de son gant. Partageant son temps entre la Floride et la côte basque, la saison estivale est l’occasion pour lui de rentrer au bercail et se ressourcer auprès de ses proches. Entre une partie de pelote, une séance de récupération et un repas en famille, l’athlète fait preuve d’une sympathie à toute épreuve et accepte de livrer son regard sur le rêve américain.

Miami, c’est vraiment comme dans les séries TV ?

 Exactement ! La représentation de la ville qui est faite au travers des séries est vraiment fidèle à ce que l’on voit sur place. C’est une belle ville gorgée de soleil, et inondée d’une magnifique lumière. C’est aussi un endroit dynamique, débordant d’énergie et marqué par le « bling bling ». Comme à la télé !

  

Débarquer à 22 ans dans cet environnement, ça doit faire tourner la tête ?

 Beaucoup se brûlent les ailes dans cette ambiance. Quant à moi, je suis venu avec un objectif précis ce qui permet de ne pas s’égarer. La tête sur les épaules, je souhaitais faire mes preuves et devenir le numéro un de ma discipline.

  

Tu souviens-tu des impressions ressenties lorsque tu as foulé le sol américain pour la première fois ?

Le premier souvenir est celui de la chaleur saisissante ressentie à l’atterrissage. Mais avant tout, j’étais animé par un sentiment de renouveau. Je redémarrais à zéro ; une nouvelle vie dans un pays que je ne connaissais pas avec une langue que je ne maîtrisais pas.

Toutefois, j’avoue que l’accueil des anciens déjà installés depuis plusieurs années a considérablement facilité mon intégration. De plus, trois mois après mon arrivée, j’ai remporté le plus grand tournoi de Floride, idéal pour la mise en confiance !

 

Que savais-tu sur Miami avant de partir y vivre ?

Pas grand-chose à vrai dire. Je savais que c’était une ville latine et c’est ce qui m’a immédiatement plu. Miami n’est pas comme les reste des Etats-Unis, ici on est confluent des USA, de l’Amérique latine et des Caraïbes.

 

Qu’apprécies-tu le plus dans cette ville ?

Le climat, il y fait beau tous les jours. C’est l’été du Pays Basque douze mois sur douze. La vie sociale s’en ressent puisque l’on profite plus de la vie avec 365 soirées d’été.

 

Ce que tu y aimes moins ?

L’éloignement avec la famille et les amis. Je n’en ai pas trop souffert durant les dix premières années mais aujourd’hui je ressens un vrai manque.

Par ailleurs, on peut également déplorer la superficialité qui y règne mais je me suis habitué à composer avec.

 

Cette superficialité est-elle un frein pour lier des amitiés ?

Bien sûr, on ne noue pas vraiment de relations avec les gens. On les côtoie, on fait la fête avec mais on ne devient pas amis. C’est très difficile de déceler la part d’honnêteté dans tout ça.

De plus, par mon métier, j’ai une contrainte particulière car la réglementation sur les paris interdit tout rapport entre joueurs et parieurs (2). On quitte les lieux sitôt la partie terminée ce qui est bien différent des après matchs en Europe où l’on rencontre les sponsors et les institutionnels. De ce point de vue, c’est beaucoup moins convivial en Floride.

 

Y a-t-il une communauté française à Miami ?

Il y a environ 30.000 ressortissants français et j’en connais beaucoup. La majorité d’entre eux évoluent dans les milieux de la nuit,  la restauration, la mode ou l’immobilier.

 

Que dirais-tu à un français qui souhaite y tenter sa chance ?

Je l’encouragerai dans ce sens parce que c’est réellement le pays des opportunités. Opportunités professionnelles bien sur car celui qui veut travailler, travaille. Il y a du boulot pour tout le monde.

Mais également opportunité d’enrichissement culturel due à la mixité et à la variété des gens que l’on rencontre. Ce mélange de cultures est extrêmement épanouissant.

 

Envisages-tu un retour en France ?

Pas pour le moment, j’ai encore quelques années devant moi au niveau professionnel. Pour la suite je ne sais pas encore si je resterai en Floride ou si je rentrerai au Pays Basque. Dans le cas d’un retour en France, je garderai au moins un pied à terre à Miami.

 

De quoi sera faite ta reconversion ?

J’ai des projets mais tout n’est pas fixé. Parmi eux, il y a la marque de vêtements Ttilika que nous avons lancée il y a douze ans avec deux amis. Nous connaissons un fort développement cette année avec des commandes émanant de pays étrangers. De plus, la collection 2013 sera inspirée par le « Miami way life »; les designs vont allier culture basque et décors typiquement floridiens. Il se peut même que l’on ouvre une boutique Ttilika à Miami.

 

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour l’avenir ?

Une bonne reconversion mais avant ça encore quelques victoires, histoire de montrer aux jeunes que je suis encore et toujours là.

 

 

(1) Eric Irastorza est quintuple champion du monde de cesta punta, discipline de la pelote basque qui se joue avec un long gant d’osier et une pelote (balle) qui fuse aux environs de 300km/h.

(2) Les parties de pelote font l’objet de paris et une partie des revenus des joueurs provient des sommes misées sur eux.


Le Moulin des Saveurs à Barbaste

 

En Pays d’Albret, les berges de la Baïse offrent bien des surprises. L’une d’elles se niche aux pieds de deux tours médiévales plantées au bord du cours d’eau, deux sentinelles témoins et garantes de la douceur de vivre.

Une des annexes du moulin des tours, est aujourd’hui transformée en restaurant à l’architecture atypique dont une partie de la salle, creusée à même la roche, convie ses visiteurs à un repas troglodyte.

Dans ce cadre hors du temps et gorgé d’histoire, pas de chichis ni de ronds de jambes. La simplicité de l’ameublement et la justesse du service nous rappelle à l’essentiel dans ce type de commerce : l’assiette.

 

Le feuilletage de la carte dévoile trois menus à 30€, 40€ et 17€, ce dernier étant servi uniquement le midi en semaine et pouvant se décliner avec un accompagnement œnologique moyennant quatre euros supplémentaires.
Enthousiasmé par l’ultime combinaison, j’embarque pour ce voyage gastronomique prometteur composé de  trois plats et de deux verres de vin. Le décollage ne se fait pas attendre et se présente sous la forme d’une farigoule, une entrée chaude d’origine provençale, revisitée par le capitaine des lieux. Sa version du plat nous régale avec des lamelles de cœurs d’artichauts arrosées d’un jus de viande à l’estragon, surmontées d’un œuf poché.

 

L’envol est réussi, reste à confirmer en stabilisant l’appareil. L’altitude est alors maintenue par le niveau du plat suivant : un rôti de saumon à la ciboulette, déposée sur un confit de fenouil au pastis. Cette étape valide définitivement le nom de l’endroit tant les saveurs  explosent sous le palais à chaque bouchée. La douceur du poisson relevée par le légume anisé, la tendresse de la chair contrastée par la peau croustillante, l’éclat des baies de roses, autant de sensations qui font danser nos papilles.

 

 

Suavement s’effectue l’atterrissage par une gourmandise locale améliorée, un clafoutis aux pruneaux, pommes, poires,  délicatement
démoulé sur un filet de caramel de lait.

Fin du vol, je sors de l’embarcation réjoui par le transport gustatif avec une seule idée en tête, comme à chaque retour de voyages ; l’envie de repartir.

 


La Lituanie sauce béarnaise

 

Jeune travailleuse paloise, Céline tente de se faire une place sur le marché de l’emploi de sa ville. CDD, missions d’intérim… à la fin d’un contrat l’enchaînement cale et elle ne retrouve pas de poste. Après des candidatures infructueuses, un état des lieux s’impose et un rapide tour d’horizon mène la jeune femme à se tourner vers l’étranger. Ce sera finalement la Lituanie pour une période de trois mois au cours de laquelle elle va parfaire son anglais, réaliser un stage dans une compagnie internationale et découvrir une capitale dont elle savait peu de choses avant d’y arriver.

 

Vue panoramique de Vilnius

 

 

En Lituanie avec Leonardo

A vingt six ans, à l’instar de beaucoup de personnes de son âge, la béarnaise connaît la  précarité professionnelle et se heurte à la rudesse du monde du travail. En panne depuis plusieurs semaines, les prises d’informations lui font découvrir un programme nommé Leonardo. Comme son cousin Erasmus, il a vocation a favoriser les échanges et la formation en Europe, mais il s’adresse aux salariés  (et nom aux étudiants) en proposant des expériences professionnelles à l’étranger. C’est par ce biais que Céline dégote un stage dans la capitale lituanienne, où elle pose ses valises au début du mois de septembre.

Fille d’expatrié, elle a déjà roulé sa bosse aux quatre coins du monde mais c’est la première fois qu’elle part vivre loin du cocon familial. Un pays de plus dans son escarcelle, un état qu’elle avoue ne pas connaître avant son départ et qu’elle découvre au gré de ses premiers pas sur place. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le charmant centre ville de Vilnius fait désormais partie de son quotidien tout comme l’ambiance spéciale qui règne dans la zone où elle réside ; le quartier Uzupis. Il s’agit du quartier des artistes,      « un endroit agréable dans lequel j’ai pu faire des rencontres atypiques, le genre de personnes que l’on ne croise pas en restant chez soi ».

De plus, un des avantages majeurs est le coût de la vie, bien moins cher ici qu’en France. Ajoutons à cela un réseau de transports développé et les conditions optimales sont réunies pour voyager à travers un pays petit mais « offrant une réelle diversité de paysages ». Parmi les sites les plus remarquables, elle classe sans aucun doute « Hill of crosses », un lieu de pèlerinage exceptionnel, une colline sur laquelle les lituaniens ont déposé plus de cent mille croix en guise de symbole de résistance à l’occupation russe.

 

Hill of crosses (la colline des croix)

 

Climat rude et cuisine riche

Côté humain, difficile de converser avec des locaux, jugés plutôt froids par la française. « C’est un pays qui vient à peine de s’ouvrir au monde (1), il n’est pas facile de parler avec eux car beaucoup ressentent une certaine peur de l’étranger ».

Côté estomac, la cuisine est un thème primordial cher à nos compatriotes expatriés. La gastronomie locale est appréciable et on se régale avec des « kepta duona », petits pains grillés frottés à l’ail et au fromage, servis à l’heure de l’apéritif. Pour le plat principal, la pomme de terre est reine, notamment dans les « cepelinai » où elle est fourrée de viande et baignée de crème. « J’ai rebaptisé le pays Patatoe Land, c’est vraiment l’aliment de base ici. La cuisine est plutôt bonne mais peu variée et très riche en matières grasses ».

 

Rebond baltique

Malgré quelques regrets sur le contenu de son stage, notre exilée tire un bilan extrêmement positif  de son séjour balte et s’est enrichi d’une nouvelle expérience qui lui a permis « de découvrir une culture et d’apprendre à mieux me connaître ».

Les voyages forment la jeunesse et nourrissent l’esprit. Pour Céline l’envol a permis de mettre une période de pause à profit, souhaitons lui que la Lituanie soit une terre de rebond pour mieux la relancer dans ses futurs projets.

 

 

(1) La Lituanie, ancienne république soviétique d’URSS, n’a retrouvé son indépendance qu’en août 1991.

 


Tinariwen, le vent du désert souffle sur la côte basque

 

 

 

 

 

 

La nostalgie est un sentiment qui s’exprime merveilleusement en musique, sous diverses formes et dans différentes régions du monde. Si le blues du Mississippi ou le fado lusophone sont ses formes d’expression les plus connues, le désert du Sahara a également produit son propre style nommé Assouf et dont les ambassadeurs sont les membres du groupe Tinariwen.

 

 

Les représentants d’une culture minoritaire

Originaire de Tessalit, dans le nord-est du Mali, cette formation touarègue chante depuis trente ans les émotions ressenties par ceux qui habitent ces terres ensablées ; l’isolement, la solitude, la tristesse, les rêves d’indépendance…

Peu populaires dans leur propre pays, leurs chansons, à l’instar des problèmes vécus par leurs semblables, ne trouvent pas d’écho du coté de la capitale. Fabien Offner, journaliste français installé à Bamako confirme la faible diffusion de ces artistes : « ils sont appréciés en Occident mais très peu écoutés au Mali en dehors des milieux touaregs. On n’entend jamais Tinariwen sur le poste radio d’un taxi bamakois ».

 

Une renommée mondiale

Malgré cette situation, la carrière du groupe connaît à l’aube des années 2000 un envol international. Lors de tournées en Europe, en Amérique du Nord, en Asie, les publics sont séduits par l’univers musical des hommes du désert. Cette ascension médiatique s’est considérablement accélérée ses deux dernières années avec successivement la participation en 2010 au concert de la coupe du monde de football en Afrique du Sud, l’obtention d’un Grammy Award aux Etats-Unis en 2011 et la première partie des Red Hot Chili Peppers au Stade de France en juin 2012.

Haut-parleurs de tout un peuple, leurs paroles étaient annonciatrices de la crise dans laquelle s’est engluée le Mali depuis le début de l’année. Des chansons qui dénonçaient le sentiment d’abandon de ces populations. « Si les gens nous avaient écoutés, ces problèmes-là n’auraient jamais eu lieu » confiait Iyadou (le bassiste) lors d’une interview accordée à Arnaud Contreras.

 

Une première en Pays Basque

En dépit de la période chaotique dans leur région, les membres de Tinariwen continuent leur tournée européenne au sein de laquelle sont programmées huit dates hexagonales au mois de novembre, dont trois en Aquitaine (1). Biarritz fera partie des villes qui auront l’honneur de recevoir les artistes rebelles et de faire découvrir la magie  de leur musique au public basque.  Inutile de comprendre les paroles pour se laisser transporter par les rythmes lancinants des bluesmen du désert et s’offrir une expérience musicale mystique soufflée par les chaudes voix du Ténéré.

 

(1) le 08/11 à Agen, le 11/11 à Biarritz et le 15/11 à Bordeaux

Lien vidéo: Tinariwen sur scène lors de l’été 2011


Le design made in Landes

 

Lorsque l’on parle design, les esprits se tournent immédiatement vers Londres, Paris ou Milan. Loin de ces destinations phares du monde de la création, la chambre de commerce et d’industrie des Landes a pris l’audacieux pari de créer une école de formation aux métiers du design.

 

« The rocky horror shoes » par Victoria Rosello

Ouvert en 2009, sur le modèle de l’école de design de Nantes Atlantique, l’établissement accueillait alors ses neuf premiers étudiants. Trois ans plus tard, ils sont une bonne centaine à suivre les divers enseignements allant jusqu’au Bac +3. Une trentaine d’entre eux exposent actuellement (jusqu’au 30 novembre) leur travail au Café Music, haut lieu de la vie culturelle à Mont de Marsan.

Au dessus de la salle de concert, une passerelle métallique mène le visiteur dans un lieu d’échanges au sein duquel sont disposés un bar, une petite scène, des tables et des canapés. Dans cette ambiance détendue, quelques jeunes gens tapotent sur leur ordinateur portable pendant que d’autres roupillent de tout leur corps allongé. Un groupe est en pleine répétition et son batteur chauffe ses poignets et peaux d’instruments avec vivacité. Le genre d’atmosphère positive et propice à la création, idéale pour aligner le long des ses murs les œuvres conçues par les apprentis designers.

 

 

« La marche pour un monde plus propre » par Vincent Merian

 

Imaginé sous forme de figure imposée, l’exercice soumis aux étudiants est une composition à partir d’objets de la vie quotidienne : les chaussures. D’inspiration musicale, écologique, militante ou artistique, les copies rendues ne sont pas toutes au même degré d’aboutissement. Comme dans toute classe, le niveau n’est pas homogène et alors que quelques rares travaux sont dignes d’un exposé d’école élémentaire, certains surprennent par leur inventivité, leur talent ou leur professionnalisme. Outre les deux ouvrages en photographie ici, une mention spéciale peut être délivrée à Laura Berthelot pour ses ballerines sabots à la présentation léchée, ainsi qu’au justement cynique « marcher tue » signé Marc Paranelle.

 

Environnement, musique, mariage, dénonciation de la société de surconsommation…autant de sujets mis en avant par cette épreuve de création qui a la mérite de combiner deux intérêts majeurs : un intéressant aperçu des préoccupations de la jeunesse, et la confirmation (s’il en fallait une) que discipline d’avenir et territoire rural se conjuguent à merveille.

 

 

N.B: Les travaux des étudiants de l’école supérieure de design des Landes sont visibles au Café Music (4, cale de la marine à Mont de Marsan) jusqu’au 30/11/2012.


La réalité landaise dans le creuset de l’art contemporain

 

En résidence pendant une dizaine de jours au centre d’art contemporain Raymond Farbos, quatre artistes ont chacun laissé au musée une œuvre inspirée de leur séjour montois, autant de perceptions différentes de la réalité, visibles jusqu’au 3 novembre.

 

Les oreilles baladeuses de Robert Lippok

La première d’entre elles est une installation sonore conçue et réalisée par un « sound-artist » allemand. Reposant sur quatre tréteaux, une longue structure de bois jaune formant deux  losanges, accueille sur ses extrémités sept hauts parleurs. De ces petites enceintes, se dégagent les sons de huit pistes au sein desquelles des parties musicales se mêlent à des conversations, à des bruitages citadins ou encore à des chants d’oiseaux. Résultat d’une déambulation de vingt quatre heures dans la préfecture landaise, le travail du berlinois laisse le spectateur perplexe mais intrigue l’auditeur à travers des captations dont le rythme et le montage interroge sur l’environnement sonore. Artiste nomade, Lippok aime cependant laisser des traces de son passage, et délivre ici un intéressante empreinte acoustique de la ville arpentée.

 

 

La vision nostalgique de Dominique Salmon

Vient ensuite une œuvre composée par un jeune quadragénaire aquitain, articulée en deux espaces. Sur le côté gauche, une acrylique sur toile de 100x120cm réalisée avec un seul ton de couleur : le gris. La partie droite est occupée par une série d’impressions numériques représentant trente maisons, sur les mêmes teintes que la peinture jouxtée.

Maître du gris, le plasticien bordelais évoque les lignes, les formes, les ombres en utilisant une seule et unique couleur, exploitant l’infini richesse des nuances. Toutes ces maisons trouvées sur Internet grâce au célèbre moteur de recherche, sont des villas montoises en vente et deviennent toutes similaires avec ce procédé de création, reflet de l’uniformisation de notre société. Déshumanisées, les habitations seraient-elles à l’image du monde dans lesquelles elles sont plantées ; grises et vides de tout supplément d’âme ? C’est ce que semble dénoncer cette œuvre nostalgique.

 

Le virtuel touché du doigt par Catherine Arbassette

Membre de la Fabrique POLA, tout comme Dominique Salmon, Catherine Arbassette livre ici la moins landaise des œuvres présentées. La frontière entre le réel le virtuel est au cœur d’une réflexion qui tant dans sa plastique que dans le thème abordé pourrait s’adapter dans n’importe quel pays occidental.

La pièce principale est un triptyque de toile (240x120cm) travaillé en acrylique et encre, encadré par un texte et une installation d’éléments physiques figurés sur le tableau. Intitulée « la fin du monde 1 », on retrouve sur la partie picturale une ville dévastée et noircie par la destruction massive dans laquelle évolue un personnage en couleur, emmitouflé sous une combinaison intégrale et un masque à gaz. Malgré un univers totalement désintégré, le protagoniste manipule tranquillement des jouets positionnés à l’intérieur d’une maison de poupée.

Totalement déconnecté de la réalité environnante, le personnage et son attirail sont une métaphore de la bulle dans laquelle évoluent les individus, un subterfuge pour éviter de voir le monde tel qu’il est, et se complaire dans le virtuel avec les outils à disposition.

L’odeur des ambiances recrées par Natacha Sansoz

Locale de l’étape, l’artiste installée à Roquefort (dans la Haute Landes) a conçue un intérieur dans lequel on imagine une personne âgée évoluant au milieu d’un décor immuable. Réflexion subtile, les pistes sont sans cesse brouillées par des indices traînant par endroits. Le mobilier est ancien et de facture modeste mais sur la table basse trône un ordinateur portable dont l’écran affiche le portrait de Jean-Pierre Pernaut pixélisé.

Ca sent le vieux, le renfermé, l’austérité et la solitude dans cet amalgame d’humour et de mélancolie, tendre interrogation sur le bouleversement des repères dans nos campagnes.

 

Ancrés dans la réalité, ces quatre contemporains ont une démarche quasi militante destinée à éveiller les sens et les consciences, servie par une plastique et un univers bien propres à leur sensibilité.