Face au terrorisme : consommez !

Article : Face au terrorisme : consommez !
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18 novembre 2015

Face au terrorisme : consommez !

 

Trois jours de deuil. Trois jours, pas un de plus, et le cynisme reprend ses droits. Hier, le syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs avait lancé le mot d’ordre « Tous au bistrot », en guise de mobilisation face au terrorisme. Citoyens, face à l’horreur : pleurez, réagissez, consommez !

Tous au bistrot

 

Je commence à peine à relever la tête suite aux événements que je subis un nouveau choc. J’entends sur les ondes, un appel à nous rendre dans les bars pour manifester une opposition au terrorisme. Je n’en crois pas mes oreilles.

Revenu à la maison, quelques clics me montrent le logo de l’opération, une illustration dans laquelle la tour Eiffel dessinée par Jean Jullien est détournée pour en faire une assiette. Je comprends ; on nous demande d’aller manger et boire dans des établissements commerciaux pour faire preuve de courage et de solidarité. Quelle horrible blague 🙁

Un peu plus tard, la lecture d’un article sur le site du Monde me conforte dans mon impression. Sans vergogne, la journaliste reprend sans la moindre réflexion les arguments indécents du communiqué de presse. Je veux bien qu’on soit sous le choc mais quand même, cela n’empêche pas de mettre les choses en perspective. Dans son déroulé, le papier nous explique que « les cafetiers parisiens ont eu une baisse de chiffres d’affaires de 60 % samedi dernier ». La nausée me monte à la gorge…

Ray-Clid

 

En ces temps où le pays est meurtri, où des milliers de gens pleurent des disparus, des vautours se saisissent de l’occasion pour remplir des commerces et ne montrent pas une once de compassion en pleurnichant sur leur diminution (momentanée) de clientèle. Les mots me manquent pour réagir tellement le coup de pub est lamentable.

Le pire, c’est que les médias nationaux relayent allègrement l’information sans se poser de questions. Je suis navré mais j’ai beau réfléchir, je ne vois pas de justification à cela. En quoi, manger une entrecôte au restaurant ou boire des coups avec des copains est-il un acte militant ? Si encore ils reversaient une partie des bénéfices à une association d’aide aux victimes, cela aurait un sens. Mais ce n’est même pas le cas.

En situation de crise, on pourrait vraiment nous faire avaler n’importe quoi. Ça tombe bien, plus c’est gros plus ça passe, comme on dit au Café des Sports.

 

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Commentaires

serge
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Mon cher ami, ça c'est ce qu'on appelle ne rien comprendre à la guerre. Pour avoir vécu une situation de guerre, je ne me preterais jamais à ce genre de manipulation.
Même Hollande qui dit "la France est en guerre". La guerre, messieurs, c'est entendre les bruits de Kalash 27/24...

Yanik
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Oui Serge, le terme de "guerre" est très contestable...
Cette réaction de communicants l'est encore plus. On pourrait presque changer les paroles de la Marseillaise:
"Aux armes citoyens, sortez vos porte-monnaies" :-(