Kongo, une BD noire et lumineuse

Article : Kongo, une BD noire et lumineuse
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5 février 2014

Kongo, une BD noire et lumineuse

Avec Kongo, Tom Pirabosco et Christian Perissin nous livrent une version dessinée du carnet de bord de Joseph Conrad lors de son expédition en terres congolaises à la fin du 19ème siècle.

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 Depuis sa plus tendre enfance, celui qui se nomme encore Josef Teodor Konrad Korzeniowski, rêve d’Afrique. Devenu capitaine de marine marchande, il saute des deux pieds dans l’aventure lorsqu’il lui est proposé de prendre le commandement d’un bateau navigant sur les eaux du fleuve Congo. Le rêve devient réalité. 

Le voyage tant désiré vers une destinée fantasmée vire pourtant à la désillusion. Choqué par le flot de violences déversé, l’homme assiste en témoin impuissant aux pires dérives de l’occupation européenne. Dés ses premiers pas, Conrad ressent que ce pays « si effroyable pour les blancs, parait bien pire pour les indigènes ».

Accumulant horreurs et injustices, le périple plonge peu à peu le héros dans un cauchemar inattendu.

Pour décrire une atmosphère oppressante et tendue, le choix du noir et blanc s’avère judicieux et adapté à la noirceur du contexte et des âmes. Cette option confère une patine historique aux vignettes et s’impose comme une évidence esthétique au fil des pages et du parcours ténébreux. Le coup de crayon épais aux lignes néanmoins fines de Pirabosco dépeint à merveille les sentiments sur les visages alors que l’aspect charbonneux donne un grain unique dont la maitrise offre une gamme infinie de nuances. 

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Véritable coup de maître, cet ouvrage transpose en images et avec brio, les mémoires de Joseph Conrad dont les romans écrits après cette aventure* constitueront une critique rare de la colonisation à une époque où l’impérialisme occidental est à son apogée. Le britannique, polonais d’origine, ne se laisse pas trompé et, dans toute sa lucidité, perçoit derrière le masque de la philanthropie le vrai visage du colonialisme dont le but ultime réside dans le pillage du territoire.

De basses manœuvres derrières les bonnes intentions, une critique encore et toujours d’actualité dans plusieurs régions du continent.      

 

Kongo, de Tom Pirabosco et Christian Perissin

Edité par Futuropolis

Publié en 03/2013

 

« Un avant poste du progrès » publié en 1897

   « Au cœur des ténèbres » publié en 1899

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Commentaires

Serge
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très bien écrit, on sent que tu as vraiment aimé... sujet délicat surtout quand ça touche au congo.