Blue Noses, les trublions du Pop Art moderne

Article : Blue Noses, les trublions du Pop Art moderne
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3 février 2014

Blue Noses, les trublions du Pop Art moderne

Rencontrés lors du festival Russenko organisé par la mairie du Kremlin-Bicêtre, les Blue Noses sont de ceux qui ne laissent pas indifférent. Energie et humour décapant sont les ingrédients de cette folle brise en provenance de Sibérie.

Blue Noses "From Siberia with love"
Blue Noses « From Siberia with love »

From Siberia with love

Originaires de Novossibirsk, le collectif Blue Noses (baptisé ainsi depuis une vidéo de 1999 sur laquelle ils arboraient des bouchons bleus en plastique en guise en nez rouge) présentait une exposition composée de fragments photographiques et vidéo issus de précédentes expositions. Une sorte de compilation de leur travail intitulée « From Siberia with love », un aperçu idéal de l’état d’esprit insufflé par ces turbulents artistes.

 

L’humour au service de vulgarisation

Incisifs et drôles, les trublions nous font rire en déconstruisant les clichés de la puissance russe, en s’attaquant aux icones révolutionnaires, en critiquant les travers de nos sociétés modernes, en moquant l’hermétisme du monde de l’art contemporain…

Pour faire passer ses idées, l’œuvre puise beaucoup dans le Pop Art (dans l’exécution ainsi que dans le discours) mais aussi auprès d’artistes dont la réflexion porte sur l’image à l’instar de John Baldessari.

Si la démarche artistique est réelle, elle est parfois masquée par une dimension comique dominatrice qui soulève la question de la compatibilité entre l’art et l’humour. Interrogé à ce sujet Alexander Shaburov, le leader et porte parole du groupe, l’avoue : « il arrive que nous ne soyons pas pris au sérieux, certains pensent que démocratiser l’art c’est le décrédibiliser, or notre but est de le mettre à la portée de tous ».

 

Blue Noses "Policiers s'embrassant" 2004
Blue Noses « Policiers s’embrassant » 2004

 

Un vent de liberté pas toujours toléré

Cette volonté passe par la nécessité de ne pas mentir et de dire la vérité sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Dans ce sens, les poils à gratter sont confrontés à la censure dans un pays où les autorités n’ont pas un sens développé de l’autodérision. « Nous avons eu beaucoup d’ennuis mais les choses s’améliorent » confie Shaburov, « même s’il est impossible d’avoir accès aux musées publics, on peut exposer dans des galeries privées ». De même, « il est désormais plus facile de sortir du territoire russe alors qu’avant le Ministère de la Culture nous faisait barrage par crainte du scandale » explique-t-il en faisant référence à la série de baisers entre personnes de même sexe, perçue comme pouvant donner une mauvaise image à l’extérieur.  

Si la subversion de ces clowns venus du froid dérange en leur propre pays, il faut croire qu’elle incommode jusque dans l’hexagone, puisque une œuvre d’extérieur à été vandalisée durant le festival. Installés au pied de l’hôtel de ville des portraits d’inspiration warohlienne détournaient des célébrités russes telles que Staline, Lénine ou Tolstoï en panneaux de basket. Dommage que les auteurs de ces méfaits n’aient pas cherché à se renseigner sur le travail des créateurs et sur leurs réelles intentions avant leur passage à l’acte…  

A la découverte des dommages occasionnés, Les Blue Noses ne s’offusquaient même pas. Leur philosophie étant de faire en sorte que les gens comprennent, s’approprient leurs œuvres, y participent, les imbéciles auront d’une certaine manière appliqué les deux derniers commandements sans toutefois avoir pris le temps nécessaire et préalable pour la compréhension. 

Staline revisité par les Blue Noses (Yanik)
Staline revisité par les Blue Noses (Yanik)
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