Sport pro et ramadan, l’association improbable

Article : Sport pro et ramadan, l’association improbable
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15 juillet 2013

Sport pro et ramadan, l’association improbable

Les médecins sont formels ; le ramadan et l’activité physique sont totalement incompatibles. Sans nourriture, ni hydratation, les corps sont soumis à rude épreuve et les risques sont nombreux : hypoglycémie, vertiges, problèmes tendineux…Alors comment concilier sa foi avec une profession physiquement exigeante, voici quelques exemples de sportifs et de clubs qui s’adaptent à la pratique du jeûne.

 

Pour les sports individuels, la problématique est plus simple à résoudre car le sportif ne s’inscrit pas dans une logique d’équipe. Ainsi l’athlète Ladji Doucouré, spécialiste du 110m haies, aménage son calendrier et ses séances d’entraînements ; il évite les grosses charges de travail et privilégie la technique, le peaufinage des détails et de la gestuelle.

Au sein d’un groupe, la solution est moins évidente et les entraîneurs de football ont chacun adopté une position quant au sujet.

A l’Olympique Lyonnais, où sept joueurs sont concernés cette année, on les laisse libres de leur choix tout en leur expliquant les possibilités de report des jours de ramadan non effectués. Inscrit dans le compromis, Bakary Koné affirme respecter le jeûne sauf les veilles et jours de matchs.

Bakary Kone
Bakary Kone

Chez le voisin stéphanois, on est allé encore plus loin dans la démarche en invitant l’imam de St Etienne pour une intervention auprès de l’effectif. Ceci dans un double objectif ; expliquer aux pratiquants les possibilités de report mais également permettre aux non initiés de comprendre le sens du ramadan. Privilégiant la pédagogie, le club fait dispenser cette information et n’impose par la suite aucune interdiction ou restriction.

D’autres techniciens du ballon rond ont des avis plus tranchés sur la question. Lorsqu’il était entraîneur du PSG, Antoine Kombouaré était clair avec ses troupes : le jeûne est toléré lors des entraînements mais pas pour les compétitions. « Ceux qui font le ramadan le jour du match peuvent rester chez eux ».

Demba Ba
Demba Ba

Au Sénégal, de nombreux techniciens adoptent une position identique à celle de l’entraîneur kanak. Ainsi, l’ancien sélectionneur national, Abdoulaye Sarr, penche  pour une incompatibilité des deux pratiques et estime qu’on ne peut pas jouer en ayant jeûné.

Son compatriote, l’attaquant de Chelsea, Demba Ba a quant à lui toujours affirmé ses convictions. L’international des Lions de la Teranga explique ses positions en argumentant ainsi : « je jeûne pendant toute la durée du ramadan et c’est au coach de décider, si celui-ci juge que je suis moins performant, il peut me mettre sur le banc ».

 

Sur la planète rugby, les équipes sont moins confrontées à cette équation difficilement solutionnable. C’est pourtant dans cette discipline que l’on rencontre des professionnels accomplis parvenant à trouver un parfait équilibre sans faire de concession. Trois-quarts centre de Carcassonne, Mehadji Tidjini affirme ne rencontrer aucun problème à suivre les préceptes de sa foi religieuse tout en restant performant sur le terrain. Dans la même veine, Abdellatif Boutaty avoue avoir disputé les meilleurs matchs de sa carrière pendant le ramadan. Le deuxième et troisième ligne de l’Aviron Bayonnais parvient à rester compétitif grâce une force naturelle hors du commun et à un mental à toute épreuve. Une force psychologique qui a porté le marocain du COC Casablanca où il évoluait à 16 ans, jusqu’au Top 14, un des championnats les plus relevés au monde.

Abdellatif Boutaty
Abdellatif Boutaty

Dans ce couple performance / foi, les pratiquants et encadrants tentent de ménager intérêts et  convictions parfois non sans difficultés. Les résolutions divergent selon les situations et les hommes, mais il ne fait nul doute que la clé principale d’un bon amalgame réside dans l’écoute : l’écoute des autres et l’écoute de soi.

 

 

 

 

 

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Commentaires

Boukari Ouédraogo
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Je me rappelle du Ghanéen Sulley Ali muntari. Il jeûnait même pendant les jours de matches mais son entraîneur l'avait mis à l'écart ou le faisait jouer des bouts de matches.