Centrafrique: 2000 soldats pour sortir du chaos

Article : Centrafrique: 2000 soldats pour sortir du chaos
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18 avril 2013

Centrafrique: 2000 soldats pour sortir du chaos

Republique_centrafricaine_carteForce est de constater que l’arrivée de Michel Djotodia à la tête de la Centrafrique, loin d’avoir réglé les problèmes, plonge encore plus le pays dans les abîmes du chaos.

Meneur du coup d’état qui poussa son prédécesseur François Bozize vers la fuite, le président autoproclamé avait dans un premier promis le respect des accords de Libreville en vue d’instaurer une période de transition devant lancer le pays vers la reconstruction.

Djotodia, l’ « homme fort » ?

A la tête d’un état fantomatique, brisé par des décennies de dictature dont le seul objectif était d’enrichir les dirigeants au détriment des citoyens, le nouvel « homme fort » n’est pas si puissant que cela, il n’est même pas en mesure de contrôler les hommes de la coalition armée Seleka qui l’ont porté au pouvoir. Ceux-ci errent dans les rues de Bangui à la recherche des pires méfaits à commettre, enchaînant exactions, pillages et combats inter milices. Face à l’amplification des violences le prétendu « homme fort » a bien dû se résoudre à admettre son impuissance. Mardi dernier, ce dernier annonce des mesures pour sécuriser la capitale à grand coup de renforts de policiers et gendarmes et évoque la possibilité de faire appel aux forces armées tchadiennes.

Le même jour, le premier ministre Nicolas Tiangaye demande officiellement l’appui de la France et de la Fomac (force militaire d’Afrique centrale) tandis que Ban Ki-moon appelle la CEEAC (communauté économique des états d’Afrique Centrale) et l’Union Africaine a prendre les mesures urgentes pour le retour à une situation pacifiée.  

    

Idriss Deby Itno, le véritable homme fort de Bangui?
Idriss Deby Itno, le véritable homme fort de Bangui?

Qui pour intervenir en Centrafrique ?

Tel est l’objet des tractations qui ont cours depuis plusieurs jours en amont du sommet des chefs d’états d’Afrique

centrale, auquel Michel Djotodia n’a pas été convié, se déroulant aujourd’hui à N’Djamena sous la présidence du Tchad. 

Le pays présidé par Idriss Deby Itno est régulièrement appelé à la rescousse par son voisin du sud et son rôle joué dans la prise de Bangui par les troupes Seleka est un secret de polichinelle.  Récemment auréolé par une nouvelle crédibilité sur la scène diplomatique, cet état dispose d’une armée compétente dont une partie est actuellement présente au Mali. L’engagement volontaire dans le conflit malien n’a pas été sans surprendre, surtout venant  d’un état qui ne fait pas partie de la Misma. Mais la présence tchadienne dans l’Azawad aura été de courte durée puisque M. Deby en a annoncé dimanche dernier le retrait. A l’écoute des déclarations prononcées deux jours plus tard par les instances de la capitale banguissoise, on pourrait interpréter cette décision dans le cadre d’une préparation à un redéploiement vers un territoire qu’elle connaît sur le bout des doigts.

Une intervention de l’ancienne puissance coloniale est également envisagée par certains. Bien que la France soit le premier investisseur du pays, ses intérêts économiques y sont relativement faibles et le contexte bien différent de celui du Mali. Cependant, l’hexagone est un fidèle partenaire plaideur de la cause centrafricaine devant les institutions internationales et unique état européen diplomatiquement présent in situ.

Devant l’assemblée nationale, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius répondait hier à la demande de Nicolas Tiangaye, expliquant que « la France est disponible pour appuyer tout effort pour revenir vers la stabilité » conditionnant toutefois ce soutien à la mise en place d’autorités légitimement reconnues, « ce qui n’est pas le cas du président actuel »  a-t-il fini par préciser.

Ni la France, ni le Tchad, directement

Bangui_Shopping_District
Les rues de Bangui ne demandent qu’à retrouver el calme

En toute logique, le sommet de N’Djamena se conclut sur une solution collégiale financée par l’ensemble des états de la CEEAC. Pas moins de deux mille hommes seront dépêchés sur place sous l’égide de la Fomac pour rétablir l’ordre dans le pays. Nul doute que parmi ces soldats, figurera un important contingent de troupes tchadiennes et ce n’est pas l’étiquette Fomac qui masque l’influence démesurée d’Idriss Deby sur un pays qu’il qualifie de « plaie au cœur de l’Afrique centrale ». L’essentiel étant que les populations effrayées puissent enfin reprendre une vie normale et que la pression sur Djotodia soit maintenue afin  de s’assurer du respect des procédures de transition qui, si elles sont respectées, placeraient enfin la Centrafrique sur la case de départ du chemin menant vers la démocratie et de l’indépendance.

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