Alama Diakité, l’art bogolan et la manière rasta

Article : Alama Diakité, l’art bogolan et la manière rasta
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5 octobre 2012

Alama Diakité, l’art bogolan et la manière rasta

Un tissu bogolan réalisé par Alama Diakité

 

A l’heure de  l’industrie textile automatisée et mondialisée, persistent encore des techniques de production humaines et naturelles. L’une d’entre elles est une tradition en provenance de pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina Faso et Guinée) nommée Bogolan.

 

Alama esquissant les premières lignes de son œuvre

 

 

Venu de Bamako, Alama Diakité était présent le temps d’un week-end dans le sud des Landes pour  présenter son savoir faire en la matière. Habitué des séjours en France, le malien y passe environ trois mois par an, période pendant laquelle il expose dans des manifestations et festivals africains.

 

Tranquillement assis derrière sa table, l’homme déplie ses presque deux mètres pour saluer mon arrivée. Sourire aux lèvres, il décrit patiemment le processus de création de ses textiles qu’il avait conté la veille à cent vingt enfants lors d’une animation destinée aux écoliers du secteur.

 

 

Une autre réalisation du créateur malien

 

L’histoire démarre dans la capitale malienne où Alama possède son atelier de fabrication. Dans cet endroit, il conçoit et confectionne les pièces ; des vêtements masculins et féminins, des tissus d’ornements ainsi que des accessoires tels des sacs. Une fois pensées et découpées, les parties sont trempées pour les premières impressions qui donneront au tissu ce coloris de sable chaud.

Viennent ensuite les mains d’artiste pour tracer et colorier les motifs qui rendront l’article unique. Tel un peintre, le grand rasta possède une palette de noirs, de gris et de marrons, des teintes toutes obtenues avec des ingrédients prélevés dans la nature. Le noir s’obtient avec la terre du fleuve Niger, une terre riche en fer, légèrement allongée avec de l’eau pour faciliter la pénétration dans la fibre. Pour jouer sur les teintes, le créateur dose les ingrédients qu’il ajoute à sa terre : cendres, écorces et plantes, en particulier des feuilles de n’galama, un arbre également connu pour ses qualités médicinales notamment contre le paludisme.

 

Les mains à l’ouvrage

A ce stade, les doigts de l’artiste s’expriment d’abord avec une plume qui sert à tracer les premières lignes et les contours de l’œuvre. Selon l’inspiration, se dessinent des sujets humains ou animaux, des motifs géométriques ou abstraits. Ensuite, les phalanges sélectionnent parmi ses outils (dont certains sont fait maison avec des bâtons de sucettes) les pinceaux adéquats pour appliquer les teintes sélectionnées dont les couleurs se révéleront après plusieurs étapes de trempages et de séchages.

 

Pour s’adonner à l’art du Bogolan, une patience à toute épreuve est requise, une qualité dont l’ancien membre d’une communauté rasta est loin d’être dépourvu. Celui qui vit de ses créations grâce à ses campagnes hexagonales rêve aussi d’exprimer ses émotions en musique et travaille sa voix en chantant les textes qu’il écrit en bambara. Toujours proche du Morasma (mouvement rastafari du Mali), nul doute qu’il trouvera les musiciens pour accompagner les mouvements de ses dread locks sur le rythme binaire de la douce musique reggae.

 

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